Soyons clair.
Aucune solution médiane avec le pouvoir en place et son système n’apportera de réponses aux revendications de justice sociale, fiscale et environnementale des Gilets Jaunes. Les revendications autour d’un meilleur contrôle citoyen sont encore moins susceptibles d’être entendues.
Le peuple a revendiqué ; Le pouvoir a ignoré.
Par rigueur intellectuelle, avant de poursuivre, posons la question : Sommes-nous, Gilets Jaunes, le peuple en son entier ? Sommes-nous légitimes ?
- Le soutien majoritaire affiché par le pays, de l'aveu même des organismes de sondage détenus par le pouvoir,
- Le désarroi social d'une part désormais trop grande de la population qui fait nécessité absolue,
- L'incontestable incurie du système financier mondialisé qui affame, précarise les Hommes et détruit la planète,
- La multiplication et la constance des mouvements citoyens de même nature : les Indignés, Nuit Debout, Occupy Wall Street, les collectifs écologistes, ...
- L'évidence selon laquelle les fictions dystopiques tels 1984, Le Meilleur des Mondes, les scénarii à la Black Mirror, etc... sont en train de se réaliser
- La prise de conscience du recul constant de nos libertés fondamentales : altération et fin du droit de manifester, unicité de la presse, noyautage des réseaux sociaux, surveillance du Net, reconnaissance faciale, fichage informatique et croisement des données, Big Data, disparition de l'argent liquide, obligation de compte en banque, pistage par les portables, scan en masse des plaques d'immatriculation, bientôt puçage par RFID...
constituent une réponse positive à cette question.
Ainsi donc, le peuple a revendiqué ; Le pouvoir a ignoré.
En conséquence, face à ces impasses, le mouvement des Gilets Jaunes a évolué.
Si beaucoup d'entre nous l'envisageaient dès le départ, ceux qui s'étaient mobilisés avec l'espoir d'obtenir une réponse à leur revendications doivent maintenant se rendre à l'évidence. L'objectif du mouvement passe par une révolution politique.
Mais il n’y a pas de méthode pour refaire le monde. Personne ne l’enseigne à l’école. Les recettes, si elles existent, ne sont pas au programme.
Les manuels d’insurrection ne courent pas non plus les rues, tout autant que les extrémistes intellos ou commandos qui pourraient montrer la voie.
Pour faire la révolution, il faut s’en remettre aux exemples du passé… qui généralement relèvent d’un contexte bien différent de l’époque que l’on veut faire basculer.
Alors on fait avec les moyens du bord, avec ses tripes et sa jugeote, avec « sa bite et son couteau » et, très souvent, à moins d’être le sage à barbe blanche rompu - on ne sait comment - aux entourloupes du pouvoir, on se retrouve, tous autant que nous sommes, le nez dans le guidon bien plus souvent qu’à notre tour.
Game Of Jaunes
Pour commencer - ce qui suit peut paraître évident mais il est mieux de le dire - il y a globalement 3 façons de « renverser la table » :
- - La force, la rue, l’insurrection (révolte)
- - Agir en marge du système que l’on veut combattre, et créer à côté de lui un système alternatif (contre-culture)
- - Entrer dans le système, participer de sa hiérarchie et prendre le pouvoir (infiltration)
On peut penser au putsch militaire et au retournement de la caste médiatique mais restons sur les options qui dépendent uniquement des GJ.
Voilà donc les 3 axes possibles pour poursuivre le mouvement.
Mais si l’on n’accepte pas d’intégrer à égale estime ces 3 axes dans nos perspectives, il se produira un écrémage parmi les Gilets Jaunes et sympathisants.
On se souvient tous des scènes où, après avoir scandé « tous ensemble », « rejoignez-nous », « solidarité », « fraternité »… des gilets jaunes s’en prenaient à des syndicalistes, des verts pour le climat, des politisés en les chassant des cortèges. Au lieu d’accueillir, de côtoyer, de fraterniser, beaucoup ont choisi d’exclure comme si les sigles CGT, LFI ou RN étaient contagieux.
L’identité GJ est suffisamment forte pour ne plus craindre une quelconque récupération. L’intransigeance ne doit pas être Sectarisme et la Pureté (jaune) ne doit pas justifier l’Exclusion.
Sur la base des mêmes instincts, après avoir rejeté la convergence des luttes, il est à craindre d’autres « excommunications », mais cette fois-ci endogènes : certains se diront « combattants », d’autres « pacifistes » ou encore « entristes » et se défieront mutuellement.
- Certains ne verront de solution qu’à travers l’option insurrectionnelle, et rejetteront catégoriquement tout autre compromis.
- D’autres réagiront en privilégiant le pacifisme et la non violence rejetant avec autant de vigueur les « va-t-en guerre » ou les traîtres politicards roulant pour leur pomme.
- Enfin les « entristes » considéreront que jouer le jeu politique est la seule solution pour parvenir à l’avènement de la révolution jaune, impossible à réaliser par la violence, ou trop hypothétique et utopique via les lents développements de la contre culture.
Chacun croisera - et croise déjà - le fer avec les tenants des options qui ne sont pas les leurs, à force d’intransigeance, de recherche de pureté jaune ou de certitudes pragmatiques.
Ces guerres de clocher nous affaiblissent, puériles et sans aucune mesure avec l'enjeu. Admettons que chacune de ces méthodes est respectable. D’aucuns diront qu’elles sont complémentaires.
Gilets is coming
Au stade de notre mouvement GJ, et au vu de la répression, la première méthode, si elle a représenté une perspective viable de Novembre 2018 à Février/Mars 2019, n’est hélas plus une option accessible. … Une surprise est toujours à espérer et un regain toujours possible.
En attendant que partie soit remise, le modèle de contre culture (qui se décline actuellement, entre autre, sous l’acception d’Economie Sociale et Solidaire - ESS) est séduisant et, quand on en parle, trouve le plus souvent grâce aux yeux des GJ. Pour autant, son rayonnement, bien qu’en perpétuel essor, est loin de pouvoir intégrer la majorité de la population. Il sous entend retour à la terre, modification profonde des modes de vie, remise en cause totale du modèle citadin majoritaire.
A l’appui de cette inclinaison, certains théoriciens de l’acte révolutionnaire déclarent qu’« il est impossible de se dire révolutionnaire sans être révolutionnaire, c'est-à-dire sans changer de vie. » (Jacques Ellul). A méditer donc à l’aune de sa propre énergie, de son radicalisme et de son désarroi social.
Parlons enfin de l’option « infiltration ».
Puisqu’il faut de tout pour « refaire un monde », il nous faudra sans doute des infiltrés.
Les municipales sont pour l’an prochain et beaucoup pensent s’engager dans cette voie.
Il s’agit donc là d’envisager une action dans le champ politique (voir « mouvement municipaliste » et l’expérience de la Commune de Saillans).
Il y a fort à parier que les abstentionnistes - non pas ceux qui s’abstiennent par dépit mais ceux qui se sont retirés volontairement du jeu électoral en prônant le boycott - n’adhéreront pas à ce chapitre.
Mais, comme indiqué plus haut, les méthodes sont toutes respectables et, dans une certaine mesure, complémentaires.
La tête du Canard
L’objet de cet exposé susciterait des commentaires à n’en plus finir (pour preuves les milliers de polémiques présentes dans nos forums). L’aparté ci-dessus sur les tenants du boycott en est un exemple.
Un autre aparté peut concerner la propension que nous avons de couper toute tête dès lors qu’elle dépasse un peu trop. Cette allergie à tout leader a fait notre force (en particulier lors des premiers actes) mais elle devient un frein quand il s’agit de s’organiser.
Quel que soit notre parcours ou nos choix quant au mode d’action à mener, nous avons tous vu comment les choses se passaient.
Que ce soit pour une action terrain, un choix de stratégie, ou la rédaction d’un document, même si le choix définitif est répercuté à travers un processus démocratique, le débat préalable donne lieu à des échanges d’idées, des controverses portés par des individualités, pas par un invisible esprit collectif mais par des gens les uns à côté des autres. Et de fait le processus démocratique valide la thèse d’une ou plusieurs de ces individualités… et lorsqu’une de ces individualités hérite régulièrement de ce genre de validation, elle devient quelqu’un qu’on écoute.
C’est naturel et ce n’est pas grave ! Dès lors que l’assentiment envers cette personne n’est pas acquis systématiquement et que le processus démocratique persiste.
Pour dire la chose simplement :
« Si quelqu'un a régulièrement de bonnes idées, qu'elles sont régulièrement adoptées par une majorité, il n’est pas gênant de considérer que cette personne est un(e) leader. ... Jusqu'à ce que, sans que cela soit souhaitable, elle dise 2 ou 3 conneries (articulation révocatoire). » (on peut biffer et remplacer le mot « leader » par tout autre mot plus plaisant ou mois choquant mais le résultat sera le même)
L’Avant et l’Après
Nous ne devons pas perdre de vue ce que l’on fait quand on parle de stratégie, de moyen de parvenir à instaurer une société plus juste… et ce que l’on fait lorsque l’on parle de RIC et que l’on rédige une constitution.
Ecrire un RIC ou rédiger une constitution ne permet pas d’arriver au pouvoir. Ce faisant nous imaginons effectivement un monde meilleur, mais concrètement nous n’agissons pas directement pour son avènement.
Il est effectivement nécessaire de penser à l’étape d’Après ; c’est indispensable. Cela alimente nos convictions et tend à convaincre les « autres » mais ce n’est pas à proprement parler un acte direct qui participe de la prise de pouvoir.
En fait, il y a objectif et moyens d’y parvenir.
En fait, il y a deux moments différents :
- Avant la victoire des gilets jaunes et
- Après cette victoire.
Las, on constate parfois qu’il y a confusion entre ces 2 temps.
Par exemple, untel objectera qu’il faudra prendre d’assaut les banques pour les nationaliser. Non, puisque dès lors que nous aurons la barre du pouvoir légitime, nul assaut ne sera plus nécessaire puisque le peuple aura recouvré la légitimité et le pouvoir de le faire... ou pas.
A l’inverse, comme suggéré plus haut, certains finissent par croire que leur assiduité aux ateliers constituants ou RIC et que la finalisation d’un document parfait mettront à bas le pouvoir. Elles seront peut-être la clé de la victoire mais pas l'arme du basculement.
Il est effectivement plaisant de rêver d’un monde meilleur, et même d’y rêver à plusieurs, mais il est bon aussi de se demander si l’énergie dispensée pour l’édification de ce rêve n’obère pas l’énergie nécessaire à la conquête du territoire dans lequel on veut qu’il s’épanouisse.
Constitution n’est pas Programme
S’il appartient à chacun d’avoir ses opinions politiques, le mouvement des gilets jaunes est un mouvement de citoyens mobilisés et réunis autour d’une commune aspiration à plus de justice sociale, fiscale et environnementale et plus de contrôle citoyen. Il est dit qu’il est apolitique et apartisan.
En conséquence, s’il paraît exclu de compter parmi nous des ultralibéraux, traders carnassiers ou autres gros actionnaires du CAC 40, le mouvement des GJ recoupe, peu ou prou par sa composition, l’éventail du peuple français avec la diversité de ses opinions politiques.
Ores, au détour de quelques ateliers constituants et lectures de RIC, on voit parfois émerger des gestes partisans qui ferment le champ de cette diversité politique qui fait l’honneur d’une démocratie digne de ce nom.
D’autre part, une constitution doit s’écrire pour tout français et pas uniquement à l’aune des seules visions "gilets jaunes".
Une constitution est un canevas où se conjuguent les injonctions morales de l’époque et les nécessités de la chose commune.
Elle n’est ni bréviaire moral, ni catalogue de lois, et encore moins programme politique,
mais elle trace une sorte de ligne de flottaison en deçà de laquelle le droit perdrait sa rigueur morale et la morale outrepasserait les limites de la nécessité de la chose commune.
Pour filer la comparaison avec, par exemple, une association pour laquelle il est difficile de séparer ce qui relève des statuts de ce qui relève du règlement intérieur, la Constitution figure les statuts (loi fondamentale) et les Lois, le règlement intérieur.
La critique est aisée, l'art est difficile... quoi qu'il en soit le péril est trop grand pour ne pas avoir les idées claires.
Laissons de côté nos credos politiques, sociétaux ou religieux qui nous affaiblissent.
Agissons, combattons ensemble, quitte à renouer avec nos oppositions une fois la révolution politique advenue, une fois l'ordre démocratique réel rénové, une fois les tensions entretenues par la bête ultralibérale réduites.
Ne dit-on pas que les extrêmes se rejoignent ? Alors encerclons-les !
Jean-Charles Aknin
14 JUILLET 2019 : toute la France se faisait une joie d’aller BRUNCHER (à partir de 95 euros seulement) au FOUQUET’S, qui rouvrait aujourd’hui après quatre mois de fermeture suite aux manifestations du 16 mars. Mais hélas, des « gilets jaunes » et autres casseurs sont venus perturber notre grande fête nationale. Aussi nous le répétons encore : NON A LA VIOLENCE !
La France est prise en otage par une minorité de casseurs en bandes organisées, qui n’ont d’autre but que la destruction et le pillage. C’est un appel à la résistance et à la fermeté contre cette violence sauvage qui s’impose à tous aujourd’hui. Depuis trop longtemps, ces milieux radicaux ont reçu le soutien du monde intellectuel et d’un certain nombre de médias. Il faut radicalement dénoncer ces complicités criminelles. Oui, criminelles. C’est un appel à la révolte contre cette violence que nous lançons devant vous aujourd’hui.
Non à la violence subie par plus de 6 millions de chômeurs [1], dont 3 millions touchent moins de 1 055 euros bruts d’allocation chômage [2].
Non à la violence du chômage qui entraîne chaque année la mort de 10 000 personnes selon une étude de l’INSERM [3].
Non à la violence subie par près de 9 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté (1 015 euros nets mensuels pour une personne seule), dont 2,7 millions de mineurs [4].
Non à la violence des inégalités devant la mort : l’espérance de vie d’un ouvrier est de 71 ans, l’espérance de vie d’un cadre supérieur est de 84 ans, soit 13 ans de différence [5].
Non à la violence de la destruction consciente de l’environnement, et de la destruction consciente des femmes et des hommes au travail.
Non à la violence subie par les agriculteurs : tous les trois jours, un agriculteur se suicide en France [6].
Non à la violence subie par les 35 000 morts de l’amiante entre 1965 et 1995 [7]. Aujourd’hui toujours, chaque année, 1 700 personnes meurent des suites de l’amiante [8].
Non à la violence des inégalités dans l’éducation : 17 000 écoles publiques ont fermé depuis 1980, selon l’INSEE [9].
Non à la violence en matière de logement : 4 millions de mal-logés en France selon la fondation Abbé Pierre, dont 140 000 sans domicile fixe [10]. On compte 3 millions de logements vacants en France [11].
Non à la violence subie par les morts retrouvés dans la rue : au moins 500 morts chaque année, selon le collectif Les Morts de la Rue [12].
Non à la violence subie par 1,8 millions d’allocataires du Revenu de solidarité active, un RSA de 550,93 euros mensuels pour une personne seule [13].
Non à la violence subie par les 436 000 allocataires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées, un minimum vieillesse de 868,20 euros pour une personne seule [14].
Non à la violence subie par les 2 millions de personnes qui reçoivent l’aide alimentaire, dont 70 % sont des femmes [15].
Non à la violence de l’évasion fiscale, soit un vol de 80 milliards d’euros chaque année par quelques-uns au détriment de tous, de l’éducation par exemple ou de la santé [16].
Vous pouvez continuer et compléter cette liste des vraies violences.
Mais ces chiffres et ces statistiques ne sont que des indications qui ne permettent pas vraiment de mesurer la profondeur de la violence subie par les corps et les âmes d’une partie des gens de ce pays. Violence de la fin du mois, violence des inégalités, violence du mépris de classe, violence d’un temps sans promesses. C’est évident, simple et profond. Leur violence en réponse n’est rien en face de la violence subie. Elle est spectaculaire, mais infiniment moins spectaculaire que la violence partout présente. Sauf que celle-ci, on ne la voit plus, elle est comme les particules fines dans l’air que l’on respire et d’ailleurs elle n’existe pas pour ceux qui ne l’ont jamais vécue, pour ceux qui sont du bon côté du doigt, pour ceux qui exercent cette violence et qui sont les complices, les véritables complices de cette violence-là, autrement meurtrière, autrement assassine. Mais pour les « petits moyens », depuis trop longtemps, elle est écrasante, mutilante, aliénante, humiliante. Et subie, depuis trop longtemps subie.
Ils se battent bien sûr, ils luttent, ils cherchent les moyens de lutter, les moyens de s’en sortir pour eux et leurs enfants. Pour tous.
Et un jour, quelqu’un a enfilé un gilet jaune.
Notes
[1] Catégories A, B, C, D et E confondues, voir Pôle emploi, « Demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi au 4e trimestre 2018 », janvier 2019.
[2] Pôle emploi, « Montant de l’allocation chômage versée aux demandeurs d’emploi indemnisés par l’Assurance chômage : situation au 31 mars 2018 », mars 2019.
[3] Pierre Meneton, Emmanuelle Kesse-Guyot, Caroline Méjean, Léopold Fezeu, Pilar Galan, Serge Hercberg, Joël Ménard, « Unemployment is associated with high cardiovascular event rate and increased all-cause mortality in middle-aged socially privileged individuals », International Archives of Occupational and Environmental Health, novembre 2014.
[4] Institut national de la statistique et des études économiques, Les revenus et le patrimoine des ménages
Édition 2018, 05 juin 2018.
[5] Nathalie Blanpain, « L’espérance de vie par niveau de vie : chez les hommes, 13 ans d’écart entre les plus aisés et les plus modestes », Institut national de la statistique et des études économiques, 6 février 2018.
[6] V. Gigonzac, E. Breuillard, C. Bossard, I Guseva-Canu, I. Khireddine-Medouni, « Caractéristiques associées à la mortalité par suicide parmi les hommes agriculteurs exploitants entre 2007 et 2011 », Santé publique France, 18 septembre 2017.
[7] Gérard Dériot et Jean-Pierre Godefroy, « Le drame de l’amiante en France : comprendre, mieux réparer, en tirer des leçons pour l’avenir (rapport) », Sénat, 26 octobre 2005.
[8] Julie Carballo, « Amiante : 2 200 nouveaux cancers et 1 700 décès par an en France », Le Figaro, 20 janvier 2015.
[9] Institut national de la statistique et des études économiques, « Tableaux de l’économie française. Édition 2018 », 27 février 2018.
[10] Fondation Abbé Pierre, « 24e rapport sur l’état du mal-logement en France 2019, 1er février 2019.
[11] Institut national de la statistique et des études économiques, « Le parc de logements en France au 1er janvier 2018 », 02 octobre 2018.
[12] Les Morts de la Rue, « Liste des morts de la rue », 5 février 2019.
[13] Ministère des Solidarités et de la Santé, « Nombre d’allocataires du RSA et de la Prime d’activité », 02 mars 2018.
[14] Caisse nationale d’assurance vieillesse, « Minimum vieillesse et ASI », 5 juin 2018.
[15] Banques alimentaires, « Rapport d’activité 2017 ».
[16] Solidaires Finances publiques, « La fraude fiscale : un phénomène d’ampleur qui s’est diversifié et complexifié », 24 janvier 2019
Les urgentistes sont en grève.
Les pompiers sont en grève.
Les professeurs sont en grève.
Des milliers de gens sacrifient leur temps libre le week-end depuis 7 mois pour essayer de résister à une boucherie sans nom des acquis sociaux, du pouvoir d’achat et de nos droits les plus fondamentaux.
Des jeunes se sont fait charger, gazer et matraquer par la police alors qu’ils dansaient et faisaient la fête lors d’une célébration légale et nationale qu’est la Fête de la Musique. 14 sont tombés dans la Loire, le fleuve le plus dangereux de France. Un jeune de 24 ans, Steve, n’en est jamais ressorti…et ils nous parlent de canicule à la télévision !
Ils nous rappellent de bien s’hydrater et de rester chez soi aux informations nationales et régionales. Un jeune est sûrement mort à l’heure qu’il est et ils nous parlent météo ! Poussés par des flics déchaînés qui n’ont plus aucune morale ni éthique, 14 jeunes ont failli se noyer et 1 a disparu. Il paraît qu’il ne savait pas nager…
Comment en est-on arrivé à un tel niveau de mépris de la vie humaine ?
Infirmières, urgentistes, pompiers, professeurs ne veulent plus continuer ainsi. Les professions qui sont au service des autres, qui mettent leur vie au service des autres ne peuvent plus continuer ainsi et ils nous parlent météo ?!! Un jeune citoyen est sûrement mort et ils nous parlent météo ?!!!
Vous qui ne vous sentez sûrement pas gilet jaune, mon dieu non quelle horreur, sentez-vous quand même un malaise poindre au fond de votre ventre ? Quelque chose qui vous dit qu’il y a quelque chose de pas normal ? Commencez-vous à comprendre que le pays est en pleine dérive autoritaire où les 2 piliers de tout gouvernement, les médias et la police, sont à la botte ou à la merci de ce gouvernement détraqué ? Autant d’aberrations, d’injustices, de valeurs violées qui en d’autres temps en auraient vu plus d’un pendus sur la place publique, passent comme des lettres à la Poste (service qui en train de crever aussi, 15 mois que certains sont en grève!!!) et saturent ma raison au point que j’en suis à penser à quitter le pays pour ne pas devenir dingo…
La terreur s’installe, les infirmières viennent être « réquisitionnées » la nuit à domicile par la police, des gens payent de lourdes amendes pour avoir osé critiqué le gouvernement, pour un doigt d’honneur, un mot de travers ou même pour avoir porté du jaune sur eux !!!! (si si vrai de vrai!)
L’humour, la caricature et les différents points de vue sont interdits sous peine d’incarcération ou amendes.
Les rues des villes et villages où passent le président sont fermées à tous, y compris les habitants et l’interdiction est posée même de se mettre à sa fenêtre.
Des morts comme Zineb Redouane, dame octogénaire qui a reçu une grenade lacrymogène à la tête alors qu’elle était dans son appartement, sont mis sous le tapis. Ainsi que Steve.
Où est Steve, bande d’assassins ??!!!
La France est en train de se faire liquider. Les français sont en train de se faire liquider. On est en train de se faire liquider. Et vous osez faire comme si rien ne se passait ? Et me dire qu’il fait chaud! Comme si on ne le savait pas alors que les scientifiques hurlent depuis des décennies, qu’on est des milliers dans les rues à hurler qu’on veut des changements drastiques pour « sauver le climat » et qu’on ne veut pas crever à cause de quelques psychopathes capitalistes qui ont réussi à faire passer les chiffres du CAC 40 comme les indispensables nouvelles du jour à écouter aux 3 repas quotidiens des français.
Il y a un dicton autrichien qui dit : « Quand tu mets la tête dans le sable, n’oublies pas que ton cul reste dehors. » Peuple de masochistes… Qui aime souffrir.
Stop le déni ! Stop la souffrance ! La vie c’est pas ça! Et ça, ça tue la vie…
Réveillez-vous.
Il est où Steve……. ?
Tinka (28 Juin 2019)
Tribune collective de gilets jaunes (François Boulo), lanceurs d’alerte (Céline Boussié ), universitaires (Paul Alliès), militants politiques (Charlotte Girard, François Cocq...) , syndicaux et associatifs qui appellent, par delà la politique politicienne et sa réduction au champ institutionnel, à ce que le peuple se refonde à travers un large processus constituant.
"De samedi en samedi, le mouvement des Gilets jaunes se donne à voir. Mais faute d’arriver à se renouveler, il perd, au moins en apparence, sa capacité à bousculer l’ordre établi. Car entre-temps, les élections européennes ont joué le rôle d’anesthésiant démocratique. Elles ont démontré l’incapacité institutionnelle à proposer un débouché politique à l’aspiration populaire exprimée depuis le 17 novembre dernier. L’impératif démocratique reste sans réponse.
Les européennes ont en revanche confirmé que se prolonge le temps destituant qui jette à terre les intermédiations et formes représentatives perçues comme la captation du pouvoir souverain. Les principales forces peuvent se prévaloir du vote de tout au mieux 11 % du corps électoral, la moitié des électeurs s’étant abstenus. Le président, qui s’est engagé personnellement dans la bataille, voit 90% des françaises et des français se détourner de sa politique. Avec l’absorption de la moitié de l’électorat LR par LREM, l’affaissement du PS au minimum irréductible, l’effondrement de l’espoir porté par LFI en 2017 et la transformation d’EELV en une valeur refuge de circonstance, le reste du champ politique est parcellisé, sans capacité d’agrégation. L’émiettement du vote est devenu la règle, ultime pied de nez citoyen à toute forme de délégation de souveraineté.
Les lendemains d’élection déjà déchantent. L’incapacité à penser un débouché politique par-delà le piège du cadre institutionnel et politique actuel de la Ve République prépare une séquence binaire entre LREM et le RN pour 2022 qui vise à permettre à une minorité d’imposer ses vues. Face à cette fausse et mortifère alternative, tout ce qui s’apparente de près ou de loin à la gauche va être sommé de se rassembler pour s’enfermer dans une impasse électorale qui, si tant est que cette addition ait un sens, totalise désormais de scrutin en scrutin moins de 30% des voix. Chercher de manière artificielle une majorité électorale impossible, c’est renoncer à l’ambition de constituer une majorité populaire.
Les européennes auront aussi eu pour effet, si nous n’y prenons garde, de stériliser le champ politique. Après six mois où, en famille, entre amis, sur les ronds-points, le débat public était pourtant redevenu un objet du quotidien, le temps électoral s’est imposé comme une bulle de l’entre-soi, incapable à ce stade d’offrir un débouché au souffle citoyen. L’impasse apparaît à tous les niveaux.
Ce trou noir politique doit être laissé derrière nous. Il est grand temps de nourrir durablement l’appétit démocratique qui s’est manifesté avec le mouvement des Gilets jaunes. Sans doute celui-ci sera-t-il amené à s’exprimer à terme dans le champ électoral ; mais il doit aujourd’hui puiser sa force dans le substrat populaire non institutionnel où il est le plus vivace. Ce qu’il faut rechercher, c’est l’élévation du niveau de conscience populaire acquise non seulement à l’identification claire d’une oligarchie qui est dangereuse pour soi socialement et écologiquement ; mais aussi à l’idée qu’un rôle politique légitime incombe souverainement à soi en tant que peuple.
L’instrument et la perspective capables de produire ce niveau de conscience menant à la révolution citoyenne doivent être interrogés. Face à la crise écologique déjà enclenchée, face à la crise démocratique qui frappe, face à la crise financière qui vient, nous considérons que, comme à chaque fois que la République a été appelée à la barre par les affres de l’Histoire, seul un processus populaire et constituant permettra de répondre à la crise systémique qui s’avance. Cela en fait aussi l’idée centrale et structurante pour qui veut renverser la table en 2022.
Le processus constituant ne saurait être un mouvement en soi et pour soi. Passerelle citoyenne, il vise à créer les conditions pour répondre ensemble au projet originel de creuset républicain du retour à l’ordre des droits. La multiplication des initiatives doit servir à remettre la société en mouvement, à rediscuter les règles du jeu, à redéfinir les communs, à repenser le contrat social, à approfondir l’universalisme émancipateur pour refonder le corps politique, afin de reconstruire une légitimité et un consentement collectifs. Partout, nous invitons dans leur diversité les cadres collectifs déjà organisés à mettre à l’ordre du jour ces questions sous la forme qu’ils jugent la plus adaptée. La mobilisation citoyenne pour préserver l’outil d’intérêt général qu’est Aéroport de Paris et obtenir un référendum populaire est ainsi un axe concret et nécessaire d’action. Ailleurs, vous préfèrerez saisir d’autres opportunités qui, partant du quotidien ou de réalités locales, amènent à penser collectivement le bien commun. Les premiers cercles populaires et constituants qui déjà se réunissent dans de nombreux départements pourront servir de réceptacles à cette infusion citoyenne.
Refusant la concurrence entre différentes initiatives existantes, nous en appelons à établir un ample mouvement citoyen mû par une même idée fédératrice : rendre au peuple et à la Nation la souveraineté de sa décision pour retrouver sa liberté républicaine, celle qui fait du bonheur commun l’essence de toute association politique."
Signataires :
Robin ALBERT, syndicaliste
Paul ALLIES, professeur en sciences politiques à l’université de Montpellier
Damian BASTIAN, militant citoyen
Farid BENLAGHA, producteur et animateur du collectif national pour un référendum contre la privatisation d’ADP
François BOULO, avocat et Gilet jaune
Céline BOUSSIE, lanceuse d’alerte
François COCQ, auteur de L’impératif démocratique
Flavien CHAILLEUX, Gilet jaune
Catherine DAVID, confédération paysanne
Enguerrand DELLION, politiste
Romain DUREAU, agroéconomiste
Hélène FRANCO, magistrate, syndicaliste
Christophe GACHE, secrétaire départemental du Mouvement des citoyens
Jean GATEL, ancien secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire
Charlotte GIRARD, universitaire
Nicolas GUILLET, juriste
Mickaël IDRAC, doctorant en sociologie des migrations à l’université Paris-Descartes
Eric JAMET, éditeur
Djordje KUZMANOVIC, président de République souveraine
Manon LE BRETTON, responsable de l’école de formation insoumise
Jeannick LE LAGADEC, conseillère départementale
Walter MANCEBON, militant pour une 6e République
Michel PHILIPPO, lanceur d’alerte en écologie
Alphée ROCHE-NOËL, auteur de Géographie de l’histoire de France
Jean-François SAUVAGET, Association Pour une constituante et Anticor
Frédéric VIALE, coauteur de La gauche à l’épreuve de l’Union européenne
Combien de jours, combien de semaines, de mois, d'années des salariés peuvent-ils supporter de n'être pas entendus ?
Question tout aussi légitime qu'angoissante.
Beaucoup s'en remettent aux syndicats pour trouver des réponses, des solutions, des sorties de crises. Mais rien ne vient... depuis longtemps.
De quels succès fracassants (et récents) peuvent s'enorgueillir ces organisations ? De ce côté là, c'est le désert, un désert qui semble s'être assécher définitivement. Les derniers satisfécits remontent, à la louche, aux années 80/90 (semaine des 35h, quelques coups de pouces au SMIC, réévaluation du point d'indice...). Depuis le recul du Plan Juppé en 1995, on n'enregistre quasiment aucune réelle victoire de la part d'un mouvement social initié par les syndicats.
N'y a-t-il donc aucun penseur, aucun intellectuel, aucun stratège au sein des directions nationales pour s'en rendre compte ? Malgré le recul continue du nombre de leurs "adhérents" ceux-là ne se posent apparemment toujours pas les bonnes questions. A se demander s'ils veulent vraiment le faire.
Objectivement, non. Ils préfèrent rester sous perfusion budgétaire de l'état plutôt que de s'atteler à ce pour quoi ils sont faits. Ainsi un jeu de rôle s'est installé et ce jeu de rôle consiste à ce que les syndicats fassent semblant. Semblant de gesticuler, de revendiquer. Ils lancent parfois une manif' sur une journée (ils appellent ça une journée d'action), parfois une action symbolique, un rassemblement... Quand il s'agit de grève illimitée, elle ne concernera qu'un secteur, une branche, une profession... Tout en prenant soin que ces "opérations" ne bloquent que très relativement la vie économique du pays. Et en bout de chaîne, les salariés perdent leurs journées de salaire - qui représentent parfois même une économie substantielle pour les patrons sensés être lésés -.
Les syndicats pratiquent les grèves perlées, se refusent à entrer en intersyndicale, et se gardent bien de prononcer le mot tabou (qu'on doit leur interdire ?) : grève générale. De plus, en l'état de notre démocratie, le gouvernement, qui n'en est plus à une entorse près aux principes constitutionnels et aux droits fondamentaux, ne se priverait pas, si la menace d'une grève générale se voyait à nouveau brandie, de nous pondre un cadre "légal" pour en limiter les effets, ou même pour l'interdire purement et simplement (voir les dispositions Sarkozy sur les réquisitions légales en cas de grève des transports, voir aussi les réquisitions dans le milieux hospitaliers, ou l'interdiction faite aux routiers d'organiser des barrages sous peine d'amende - 30 000€ -, d'emprisonnement - 2 ans - et de 3 ans de suspension du permis pour entrave ou gêne à la circulation)
Ainsi les salaires baissent, l'âge de la retraite recul, les prix grimpent, les couvertures sociales s'effilochent, les médicaments sont déremboursés, les mutuelles se gavent, les impôts augmentent, l'éducation, la justice, la santé partent à la dérive... Tout va bien dans le meilleur des mondes... patronal. Le jeu de rôle syndicats/gouvernement semble installer pour durer et les salariés vont devoir se faire une raison. Ils sont seuls.
A l'occasion du mouvement des Gilets Jaunes, nous avons tous pu encore nous en rendre compte. Aucun syndicat n'a manifesté la moindre velléité de soutien envers ceux qui étaient descendus dans la rue. On a juste pu enregistrer quelques gesticulations vite avortées comme la menace d'une grève des routiers annoncée pendant 2 jours (début Décembre 2018) avant d'être suspendue (suite à négociations). Les syndicats de forces de l'ordre ont agi de même. Et chacun s'est retiré après avoir obtenu quelques miettes, profitant éhontément du mouvement jaune.
Ces tristes anecdotes démontrent le point de duplicité extrême auquel sont parvenus les "partenaires sociaux", plus précisément les "directions nationales" auxquelles s'adressent spécifiquement ces ressentiments. Les salariés sont seuls, les Gilets Jaunes sont seuls, les citoyens sont seuls. En fait, "seuls" n'est pas le bon mot. Ils ne sont plus soutenus par aucune espèce d'instance collective constituée. Ils ne peuvent donc plus compter que sur eux-mêmes et créer leur propre collectif.
En 7 mois, si le mouvement des Gilets Jaunes n'a pas obtenu grand chose, les syndicats (les directions nationales), eux, ont perdu le peu qui leur restait de crédibilité. On ne va pas pleurer sur leur sort, mais nous aurions bien eu besoin de leur statut (capacité -privilège- de déclarer une grève) pour avoir la possibilité de mobiliser en dehors des samedis et pour qu'ils relaient nos revendications via leurs tribunes.
Quand la plèbe n'est pas unie, les puissants dansent.
La convergence des luttes peut attendre... Jusqu'à quand ? A suivre....
Jean-Charles Aknin
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