Courrier et Communiqué de presse formulés à l'initiative de Gilets Jaunes, dont les 4 signataires : Priscillia Ludosky, Fouazi Lellouche, Jérôme Rodrigues et Fabrice Grimal.
À l'approche des 1 an du mouvement et après avoir tenté de faire entendre nos revendications en vain, en complément de l'organisation du week-end du 16 et 17 novembre, nous avons souhaité, à travers ce communiqué, rappeler ce pour quoi nous nous battons et informer les uns et les autres de l'envoi d'un courrier officiel adressé aujourd'hui même au président
Groupe Facebook "1 an de lutte 17 11 18 - 17 11 -19"
Jusque dans les années 70, la doxa ultralibérale n’investissait que les sphères affairistes, ne concernait que de lointains mouvements de capitaux aux confins des coffres forts des banques via le grand casino boursier. Las cette vision naïve dont les citoyens pouvaient se permettre le luxe n’est plus possible. La crise de 2008 a révélé les menées délétères d’un système qui se trouve en capacité, à la moindre défaillance, d’engloutir la civilisation entière. L’adage « privatiser les profits, nationaliser les pertes » fait place à un « Bientôt ils privatiseront même l’air qu’on respire » d’autant plus angoissant qu’il est devenu plausible. Mais comment faisions-nous avant ? Amnésie, vérité « adaptée », fake old stories, notre histoire récente (celle de nos parents, grands-parents) disparaît dans une brume très très artificielle... « Trente Glorieuses ? A part les yéyés et la DS, non ça ne me dit rien. » Souvenirs, souvenirs... une vie avant les privatisations. |
De toute l’histoire millénaire de notre pays, il n’y eut qu’une seule période où les leviers économiques, financiers et productifs ont entièrement dépendu de l’Etat et des citoyens. Cette période n’a duré que 30 petites années, de 1945 à 1975. Cette parenthèse historique, communément appelée les Trente Glorieuses, correspond exactement à la seule période où la Banque de France était une institution nationale, au sens d’entreprise publique.
Jusque-là, - malgré la Révolution et ensuite l’Empire - la Banque de France appartenait à des intérêts privés (les 200 familles) même si entre les deux guerres des représentants de l’Etat avaient été admis à la table de son conseil d’administration sous la pression politique du Front Populaire, en 1936. Jaurès, en 1892, avait échoué.
Concurremment c’est au sortir de la 2° guerre mondiale que des entreprises ont été massivement nationalisées ou créées sous l’égide de l’État par le Conseil National de la Résistance (CNR).
« Entre la menace du sous-développement économique et celle d’une trop forte émission de monnaie, j’ai toujours préféré le second péril. »
François Bloch-Lainé, Directeur du Trésor de 1947 à 1952
Le credo du CNR était de privilégier l’expansion économique et le plein emploi plutôt que de consacrer au dogme ultralibéral de Milton Freidman qui n’avait pour seul objet que de combattre l’inflation et assurer la bonne santé des marchés.
François Bloch-Lainé, Directeur du Trésor de 1947 à 1952, disait : « Entre la menace du sous-développement économique et celle d’une trop forte émission de monnaie, j’ai toujours préféré le second péril. »
Cette préférence s’explique d’autant mieux que l’inflation, due à une trop forte émission de monnaie, reste in fine contrôlable lorsque, comme à cette époque, l’Etat était en mesure de réguler la création monétaire. Rappelons aussi que, malgré la Révolution et la révolution industrielle, les français vivaient depuis des siècles dans une misère noire et sous un régime de classe insolent. Les frou-frous romantiques du 19ème ne cacheront jamais les haillons innombrables de Germinal et des Misérables.
Notons aussi que la lutte contre l’inflation joue le rôle d’épouvantail présentable pour légitimer la religion de « la main invisible des marchés » qui entend littéralement destituer l’État de toute ingérence dans l’économie, le reléguant au rôle unique et ingrat d’agent percepteur de l’impôt.
« il n’est pas question de calculs pragmatiques qui mèneraient à opter pour un système plutôt qu’à un autre … avec au bout une solution quasi mathématique. Il s’agit en fait d’un choix idéologique.
A qui voulons-nous confier notre destin ? »
Mais « la main invisible des marchés » a-t-elle une vision pour le pays et son peuple ?
Ici, il n’est pas seulement question de mesures techniques qui agenceraient l’organisation économique du pays, il n’est pas question de calculs pragmatiques qui mèneraient à opter pour un système plutôt qu’à un autre … avec au bout une solution quasi mathématique. Il s’agit en fait d’un choix idéologique.
A qui voulons-nous confier notre destin ?
Revenons à cet instant historique où la France s’était dotée des atouts que se sont depuis appropriés les intérêts privés.
Avec la Nationalisation de la Banque de France et donc de la création monétaire du Franc, l’État a nationalisé les 4 plus grandes banques du pays qui représentaient 50 % de l’épargne français : la Société Générale, le Crédit Lyonnais, le Comptoir National d’Escompte de Paris et la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie. S’y sont ajoutés le Crédit National et la Caisse des Dépôts et Consignations.
Le Trésor public recueillait l’impôt et distribuait l’argent sur les projets de modernisation définis par le Commissariat au Plan.
« Peut-on imaginer aujourd’hui le gouvernement français capable de propulser un tel boum économique ? Non. Ce qui a permis de créer cette dynamique inconcevable aujourd’hui, c’est l’économie dirigée. »
Arrêtons-nous sur le terme « modernisation ».
- Les tenants de la version libérale de l’économie nous disent que les Trente Glorieuses ont fait florès parce que la France était à reconstruire (et parfois ajoutent qu’il nous faudrait une bonne guerre pour repartir). Mais dans les années 50, 60, il n’a pas s’agit uniquement de reconstruire mais aussi et surtout de moderniser le pays.
A cette époque, nos parents ont reconstruit certes le réseau d’eau, routier, ferroviaire et électrique, les gares, les grandes minoteries, des barrages hydroélectriques (et créaient la 1ère usine marémotrice sur la Rance 1966), les grands hôpitaux, mais ils ont surtout construit à partir de rien ou de pas grand-chose le réseau téléphonique, le réseau autoroutier, le périphérique parisien, les aéroports (Orly 1961, Blagnac 1953, ...), les grands terminaux portuaires (Dunkerque 1963, Fos-sur-Mer 1968, Saint-Nazaire 1969, Le Havre 1972), le Concorde 1967, les moteurs d’avion (SNECMA 1945), l’industrie digitale (Bull), électronique (Thomson 1966), électrique avec EDF N°1 mondial, le géant du nucléaire (Framatome 1958) avec son réseau de centrales nucléaires N°1 mondial (AlsThom), l’usine de retraitement de la Hague 1966, la métallurgie (Usinor 1948), la transformation de matériaux (Saint-Gobain), le transport ferroviaire (AlsThom), l’industrie de l’armement (GIAT industrie 1945), le regroupement des arsenaux – munitions, armes légères, chars, canons), la France est devenue une force maritime dotée de sous-marins lanceurs d’engins (Le Redoutable 1967, le Terrible 1973, le Foudroyant 1974, l’Indomptable 1976, Arsenal de Cherbourg), a lancé les constructions navales civiles (paquebot France 1961, Chantiers de l'Atlantique de St Nazaire 1964) et militaires (croiseurs, vedettes) et des programmes d’avions de combat (Mirage III), relancé et conforté le secteur automobile, la production agricole (IVème plan), modernisé les transports en commun (Métro, tramways, bus, ferries - nationalisation partielle de la marine marchande -, …), densifié l’éclairage urbain, conçu un maillage administratif dense (tous les bourgs, préfectures, sous-préfectures avaient leur poste, leur centre des impôts, leur tribunal, leur hôpital ou leurs dispensaires, des écoles dans chaque commune), subventionné l’Institut Pasteur, construit des universités, relancé le CNRS en 1958, créé et entretenu des conservatoires de musique, des théâtres, des opéras, les MJC, initié toute une industrie et un savoir-faire audiovisuel (ORTF 1964) avec la construction des émetteurs (TDF), des radios (Maison de la Radio 1963), des chaînes de télévisions (Cognacq-Jay), de production de programmes TV (SFP – Buttes-Chaumont 1974), de l’INA (archivage audiovisuel 1974…), de l’AFP (agence de presse, surpassant Reuter, la concurrente US), créé le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM 1959), organisé l’entretien des forêts (ONF 1966), sans oublier la politique du logement social avec l’édification des grands ensembles HLM partout dans les villes de France (1953-1977), l’édification de quartiers d’affaires (La Défense 1960), le déménagement des Halles à Rungis 1969 et la création du quartier des Halles 1979, création du RER 1977, et bien d’autres choses à décliner sur tout le territoire … le tout traversé par des constructions sociales uniques telle la Sécurité Sociale, la CAF, le Planning Familial, …
NB. : Le fait d’établir cette liste à la Prévert ne vaut pas caution inconditionnelle de toutes les décisions prises à l’époque (choix du tout nucléaire, industrie des armes, …) mais montre la puissance productive déployée alors.
NB. : Même si dans cette liste apparaissent certaines réalisations dont l’essor datait d’époques antérieures, elles étaient a minima entretenues et au moins ne périclitaient pas comme elles le font aujourd’hui.
Alors exit l’argument de la reconstruction florissante parce que post-apocalyptique.
Peut-on imaginer aujourd’hui le gouvernement français capable de propulser un tel boum économique ? Non. Ce qui a permis de créer cette dynamique inconcevable aujourd’hui, c’est l’économie dirigée.
Seul un Etat avec une vision ET maître de sa monnaie pouvait réaliser un tel tour de force.
NB. : Il s’agissait d’une économie semi-dirigée puisque le secteur privé s’y déployait sans entrave et même profitait des mannes du Trésor dès lors qu’il participait de l’effort national défini par le Plan.
- Les ultralibéraux désigneront sans doute à ce stade l’exemplaire Amérique comme le monument ultralibéral qui décrédibilisera toute velléité « pro dirigiste ».
D’abord les Etats-Unis sont loin d’être l’Eldorado qu’ils prétendent être (et que les ultralibéraux travestissent). Des foyers considérables de pauvreté s’y multiplient sans protection sociale, beaucoup de retraités se sont fait spoliés définitivement de leurs cotisations, les pollutions sont légions… les américains souffrent en grand nombre.
Ensuite rappelons que le Dollar depuis Bretton Wood en 1945 est la monnaie directrice de toutes les autres ce qui représente un avantage inouï.
Mais pour comparer les US avec la France des Trente Glorieuses, le même boum économique s’y déroulait à la même époque. Ores, bien que la chose soit dûment cachée, ce boum s’y déroulait sous l’égide d’un état tout aussi dirigiste. Rappelons que Roosevelt imposait les entreprises US à 80 %. Autant d’argent prélevé par le Trésor américain qui donnait à l’État US quasiment les mêmes prérogatives que celles qu’avait l’État français dans les années 50 et 60 face aux intérêts privés.
Et, petit détail, les Etats-Unis battaient et battent toujours leur propre monnaie.
Enfin, il faut reconnaître aux dirigeants américains, quel que soit le bien fondé de leurs objectifs, qu’ils ont toujours eu à cœur de porter une vision pour leur pays, une vision patriotique (même si le bien commun ne faisait pas vraiment partie de leur philosophie).
Las, il faut nous rendre à l’évidence : le bien commun, l’intérêt général, le patriotisme (au choix) ne sont plus, depuis longtemps, des préoccupations qui caractérisent nos dirigeants français.
Ainsi l’exemple américain ne peut être opposé à la France sous-économie-dirigée des Trente Glorieuses.
- L’autre argument brandit régulièrement en critique de la France d’Alors sont les dévaluations successives du Franc.
Et bien justement nous y voilà.
Nos héros du redressement français auraient donc trop joué de la planche à billet et l’inflation a mis à mal nos finances. On s’en souvient.
« Sans exportations suffisantes les richesses françaises ont tourné en vase clos et ont été asphyxiées par une inflation provoquée de l’extérieur. »
Continuons le jeu des comparaisons.
Les US, on l’a vu, possèdent (possédaient) l’arme ultime, l’étalon Dollar. Les Anglais, un sens inné pour jouer sur tous les tableaux avec une monnaie toujours surévaluée (£) sous perfusion US et son Commonwealth néocolonial. Le Canada était sous perfusion US avec un territoire immense et riche. L’Allemagne avait été choisie par les US comme Cheval de Troie en Europe et bénéficiait du Plan Marshall. L’Italie, l’Espagne, le Portugal se portaient encore moins bien que la France. Les pays baltes s’en sont toujours sortis grâce à leur civisme protestant et surtout à leur faible démographie ; et leur proximité avec l’URSS leur procurait un intérêt stratégique pour les US. Les pays arabes avaient leur assurance-richesse grâce aux hydrocarbures. La Chine était encore endormie. L’Amérique latine se débattait contre les assauts de l’impérialisme américain. Et l’URSS avec ses satellites faisait bande à part. Cuba était en prison.
Seuls les dragons asiatiques (Taïwan) et le Japon pointaient alors leurs industries spécialisées et sectorisées avec la bénédiction des US qui déjà recherchaient une main d’œuvre bon marché et des débouchés.
Seuls la France, l’Inde, la Turquie, l’Egypte, la Yougoslavie et quelques autres « non alignés » cherchaient à s’extraire de l’emprise impérialiste américaine. Et parmi eux, la France avait plutôt de bons résultats, les meilleurs même (peut-être aussi grâce à la peu reluisante France-Afrique).
Est-ce la planche à billet qui a enraillé le redressement français ?
Si les débouchés économiques avaient été au rendez-vous, il est permis d’en douter. Sans exportations suffisantes les richesses françaises ont tourné en vase clos et ont été asphyxiées par une inflation provoquée de l’extérieur.
Ce qu’on peut constater c’est que la France a subi à cette époque un boycott rampant organisé et relayé par tous ceux qui marchaient docilement dans le sillage américain. Tous les autres (les non alignés) ont dû baisser pavillon d’une façon ou d’une autre.
Répétons-le : un système économique est un choix idéologique. Le bien commun ou le profit à tout prix ? L’intérêt général ou celui d’une caste ? Le patriotisme ou le cynisme des marchés ? La solidarité ou la loi du plus fort ? Citoyens ou consommateurs ? L’indépendance ou la soumission ?
La France sous économie dirigée exhalait trop de relents collectivistes pour les ultralibéraux américains et anglo-saxons.
Voilà ce qui s’est joué en janvier 1973 lorsque la Banque de France, sous la signature d’un certain Valéry Giscard d’Estaing, suivi par le zèle de Mitterrand, renonça à battre monnaie au profit des banques privées. La fin d’un élan national. La fin des grands projets, la fin des entreprises nationales, la fin du rêve de fraternité français.
Voilà ce qui se joue encore et encore avec les privatisations, la vente à la découpe du patrimoine France, la réduction des efforts de nos parents, grands-parents et des générations qui nous ont fait naître.
Voilà, la guerre que nous avons perdue, contre des ennemis insatiables qui encore et encore vident de sa substance et de son énergie le peuple que nous étions, des ennemis qui, comme tous les vainqueurs, se partagent le butin. Avec la complicité zélée d’authentiques traîtres, menteurs et sans conscience.
Pour conclure, inversons le jeu de comparaison. Quelle société idéale, l’Ultralibéralisme Roi a donc fini par offrir aux populations ? (Encore faudrait-il que les populations en soient les destinataires).
Je laisserai les lecteurs répondre à cette question.
Jean-Charles Aknin
Les privatisations apparaissent de plus en plus pour ce qu’elles sont : l’accaparement généralisé des richesses mondiales (biens et individus). Cette mise sous tutelle (jusqu’au brevetage du vivant) digne des pires cauchemars futuristes n’est plus à traiter uniquement sous le biais de la simple analyse rationnelle et économique. Elle relève aussi de la psychanalyse, une méta psychanalyse. |
Les Communs
Privatisation sous-entend changement de statut d’une entreprise qui auparavant était nationale.
Nationalisation, à l’inverse, sous-entend qu’auparavant l’entreprise était privée.
Comme si ces deux états statutaires étaient voués à se succéder comme par exemple les alternances droite/gauche. Mais il n’en est rien.
Les privatisations auxquelles nous assistons sont une fin de processus, amorcé notoirement en 1986, qui redistribue aux intérêts privés les dernières scories des entreprises nationales et s’attellent désormais à privatiser jusqu’aux services publics. Ne nous y trompons pas, elles sont censées être définitives sauf à assister à un changement profond de paradigme politique et économique.
Tout cela nous est présenté dans la plupart des médias et par les politiciens affidés à l’ultralibéralisme comme un mouvement naturel, quasi darwinien. Mais une plongée dans l’histoire nous raconte le contraire.
Les ancêtres de nos entreprises nationales étaient appelés Communs. Ce terme est toujours utilisé dans les cursus de sociologie et d’économie mais semble avoir disparu du vocabulaire sous la pression idéologique ambiante.
Cette disparition en dit long sur la puissance du secteur privé dont les appétits se reportent désormais sur des domaines dont on n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent être administrés et exploités par des intérêts privés.
Dans la ligne de mire, les entreprises nationales stratégiques (grosses productions industrielles), puis vitales (énergie, eau), territoriales (autoroutes), jusqu’aux services publics (poste, téléphonie, banques, …). On offre aujourd’hui aux intérêts privés les aéroports, les forêts domaniales, les barrages hydroélectriques, les hôpitaux, les musées, ...
Il est temps d’exhumer la notion de Communs qui figura le canevas économique et sociétal dans lequel la France et son Etat se sont construits depuis les débuts de son histoire.
Court historique des Communs
Les Communs sont des ressources partagées, administrées, et exploitées collectivement par une communauté.
Une remontée dans l’histoire, nous laisse imaginer assez facilement des communautés humaines originelles contraintes de s’unir pour survivre et, de ce fait, de cultiver la solidarité, le partage et l’entraide.
Ainsi les ressources en eau, en bois, les cultures, les systèmes d’irrigation, les marais salants, les fontaines, les granges villageoises, les campagnes de labour, les campagnes de défrichage, les grandes fauches et les récoltes, les voies d’accès, les ponts, les pontons et les ports, les remparts, les vigies, les lieux de culte, les cimetières, etc... formaient la somme des Communs de la communauté. Chacun contribuait et était rétribué à la mesure de son travail.
Par spécialisation, certains (forgerons, meuniers, fumeurs, menuisiers, tisserands, orfèvres, apothicaires, guerriers) prospéraient en symbiose avec l’intérêt collectif, symbiose concrétisée souvent par le fait que les forges, les moulins à blé, les fumoirs, les pressoirs étaient à l’origine des installations construites et maintenues par la collectivité.
Un grand enjambement de l’histoire, par-delà les pharaons, les cités grecques, les empires romains et ottomans jusqu’aux sociétés moyenâgeuses nous amène, 4000 ans plus tard, à un morcellement des Communs qui, pour beaucoup, se sont vus peu à peu attribués aux communautés humaines via des concessions octroyées par les puissants (seigneurs ou monastères) telles la coupe de bois et de branchages, la collecte de résine, les territoires de chasse et de pâturages, les fermages et métayages. Les dîmes, gabelles, cens, tailles et autres impôts se sont substitués aux rapports de contribution/rétribution primitifs.
L’or du Roi, le Commun monétaire
« Plus besoin de se départir de valeurs précieuses pour faire tourner la roue des marchés, plus besoin de rechercher l’équilibre entre la masse monétaire et la création de richesses, plus besoin de cette promiscuité partageuse à l’endroit du peuple. Les pilleurs ont changé de méthode et le dernier Commun monétaire qui reste aux citoyens, c’est la Dette. »
A ce stade, on doit, quoi qu’on puisse retenir contre l’Ordre royal, se figurer la conscience aiguë que devaient en avoir les puissants pour mettre à disposition des communautés du Royaume leur propre réserve d’or, d’argent ou de cuivre.
Car, parmi les actes qui consacrent le plus à l’esprit des Communs, celui de mettre en circulation les richesses-métal royales est sans doute le plus édifiant. L’or était une ressource limitée, pourtant le Roi s’en « défaisait » (en payant ses soldats) pour qu’il se retrouve dans les bourses et goussets de ses sujets et ainsi faire tourner l’économie… et rendre son pouvoir incontournable.
Certes, la musique de cette ronde sonnante et trébuchante de Louis d’or et d’argent n’était jamais entendue que de très loin par les manants-esclaves dont le labeur était pillé en bonne et due forme par les castes supérieures (nobles, ecclésiastes, marchands et banquiers).
Mais, pour s’en tenir à la lettre de ce système, les monnaies-métal à l’effigie du Roi représentaient peu ou prou le sang fiduciaire qui irriguait l’économie, le Commun monétaire.
Pourrait-on aujourd’hui imaginer telle abnégation (prise de risque) de la part de nos banquiers ? De nos jours, la monnaie est immatérielle. L’argent est créé ex-nihilo par eux ! Alors à quoi bon la solidarité nécessaire, la collaboration communautaire, l’entraide, le partage des bras et de la sueur. Tout cela a été dilué dans le gouffre sans fond de la création monétaire ex-nihilo.
Pourquoi donner le change ? Plus besoin de se départir de valeurs précieuses pour faire tourner la roue des marchés, plus besoin de rechercher l’équilibre entre la masse monétaire et la création de richesses, plus besoin de cette promiscuité partageuse à l’endroit du peuple. Les pilleurs ont changé de méthode et le dernier Commun monétaire qui reste aux citoyens, c’est la Dette.
Bien que l’image idyllique de la communauté originelle et de ses Communs universels ait disparu, l’esprit des Communs était encore vivace jusqu’au siècle dernier. Sans doute parce que les monnaies étaient encore adossées aux réserves d’or des banques centrales – ce qui n’est plus le cas depuis Bretton Woods (1944) – et que leur finitude les assimilait encore à un Commun.
« Je possède donc je me sauve »
« Le glissement ultralibéral de nos sociétés apparaît non pas comme un glorieux mouvement de progrès adossé à une libération tout azimut des énergies entrepreneuriales et conquérantes, mais comme un gigantesque chantier où chaque exploitant-propriétaire édifie un radeau de survie en vue de la raréfaction des ressources et du péril de la surpopulation. »
L’autre facteur de la disparition des Communs est la raréfaction de la ressource et, concurremment, la croissance de la population qui la consomme.
En effet, lorsqu’un pâturage est immense pour un nombre limité de bêtes, à quoi bon se battre pour en revendiquer la propriété. Alors quand la situation s’inverse, les solutions à mettre en œuvre devraient être la préservation de la ressource, l’administration de son exploitation et le rationnement. Bienvenus dans le monde « moderne », celui du collapse En Marche.
Mais ce qui semble tomber sous le bon sens (s’orienter vers le souci du bien commun) n’est pas posé en ces termes par tous. Nos sociétés (et particulièrement les puissants qui les dirigent) privilégient au contraire la compétition et l’accaparement devenu vital.
A noter que cette notion de risque vital n’est pas toujours envisagée consciemment, puissants compris. Ceux-là sont excusables. Par contre, les autres, les oligarques conscients, ceux qui, en connaissance de cause, ne choisissent pas la sauvegarde du bien commun, sont alors assimilables à des destructeurs cyniques et criminels.
Le problème, posé en ces termes, fait apparaître le glissement ultralibéral de nos sociétés, non pas comme un glorieux mouvement de progrès adossé à une libération tout azimut des énergies entrepreneuriales et conquérantes, mais comme un gigantesque chantier où chaque exploitant-propriétaire édifie un radeau de survie en vue de la raréfaction des ressources et du péril de la surpopulation.
Ainsi les privatisations des activités vitales et structurantes de la société, adossées à l’argument qui affirme qu’un propriétaire gérera bien plus rationnellement SA ressource qu’un Collectif parce que, justement, il en est Propriétaire, sont en fait l’expression d’un instinct de survie profondément enfoui sous la dénégation de la finitude de la marche expansionniste de l’Humanité.
Il ne s’agit plus de gain, de jouissance et de confort ; il s’agit désormais d’autonomie et de survie. « Je possède donc je me sauve ».
N.B. : Ce syndrome de « panique refoulée » pourrait expliquer la mystérieuse affection psychopathique dont souffrent les 1 %, les 26 personnes qui possèdent à elles seules autant que la moitié de l’Humanité. En psychanalyse, on qualifie tout syndrome d’accumulation de « régression en stade anal ». Mais on laissera ces hyper-riches se payer eux-mêmes un psy.
Le prima de l’Argent sur la Vie
« La confusion mentale est à son comble: quand on questionne les gens sur l’écologie et le réchauffement climatique, ils se prononcent majoritairement pour une action nécessaire. Quand on les questionne sur les Services Publics, ils les plébiscitent. Mais dès lors qu’on les interroge sur l’ordre économique, ils se mettent à réciter le catéchisme ultralibéral rabâché à la télévision »
Face à l’option « Privatisations », l’option des « Nationalisations » était donc encore sur la table jusqu’à la fin du siècle dernier. Il s’agissait de s’en remettre à l’État (émanation légitime du Collectif) pour administrer et exploiter les ressources relevant des Communs. Il s’agissait d’extraire de la sphère privée ce qui relevait des ressources vitales.
Le brevetage du vivant, le Commun suprême
« Ils ont tué leur mère » – réplique du film Avatar -
Mais en retour, on a vu les puissants faire exactement le contraire.
Ils ont revendiqué le brevetage du vivant, les multinationales (Coca Cola, Nestlé) confisquer les réserves d’eau, les places boursières alimentaires (Chicago) fomenter des pénuries et des famines pour faire grimper les cours, des laboratoires faire de même avec leurs médicaments brevetés, les industries agroalimentaires se garantir des monopoles vitaux en bridant la capacité de réensemencement de leurs graines, des industriels de tout poil organiser l’obsolescence programmée de leurs produits, les majors du net « capturer » leur clients via des systèmes « propriétaires » (non compatibles), et surtout les banquiers jouer de la charge indue d’intérêt (d’usure) pour étrangler et dévaliser les emprunteurs captifs par obligation.
L’actualité récente qui voit la médiatisation d’un phénomène qui n’est pourtant pas récent - les incendies généralisés des grandes forêts du globe - illustre fort bien la complicité patente entre élus et la sphère privée. L’arme juridique qui statuerait à l’interdiction d’installation et d’exploitation privées dans les zones dévastées pendant plusieurs décennies serait une solution qui réglerait la commission d’autres actes criminels et réduirait à néant les profits à tirer de ceux déjà commis. Mais les élus se gardent bien de prendre ce genre de disposition. Ce qui en dit long sur leur connivence criminelle.
Lavage de cerveau
Il est alarmant de voir que la priorité de l’argent sur le vivant et sur les Communs en général est une conception du Monde de plus en plus acceptée dans la société. L’inhumanité des « argentiers » a infusé, tel un lavage de cerveau insidieux, et devient principe de normalité.
Par exemple, on refuse de soigner des patients dépourvus d’assurance santé, on verbalise l’excès de vitesse du bon samaritain en route pour les urgences. La realpolitik légitime des bombardements d’hôpitaux, le massacre d’enfants, le gazage de population au nom de la raison d’état. « On n’y peut rien, c’est comme ça » dit-ON et ON est un C...
La confusion mentale est à son comble : quand on questionne les gens sur l’écologie et le réchauffement climatique, ils se prononcent majoritairement pour une action nécessaire. Quand on les questionne sur les Services Publics, ils les plébiscitent. Mais dès lors qu’on les interroge sur l’ordre économique, ils se mettent à réciter le catéchisme rabâché à la télévision « il n’y a plus d’argent », « il faut faire des sacrifices », « il faut rembourser la dette », « les privatisations vont nous sauver ».
Le fatalisme remplace les scrupules, et les scrupules sont considérés comme le réflexe des faibles et des naïfs. La compassion est un sentiment ringard et la gentillesse est au mieux une perte de temps, au pire de la bêtise.
Les barrières sont tombées. Un Henry Dunant, fondateur de la Croix Rouge, passerait de nos jours pour un joyeux illuminé. L’humanisme, une fable pour looser.
La Vie n’a plus de valeur…, ou plus exactement la Vie aura la valeur de ce que le gueux-consommateur-manant-citoyen, le canon sur la tempe, pourra donner en dernier ressort pour se sauver. La Vie est une marchandise et Mengelé est au tiroir-caisse.
Cette digression assumée montre que les privatisations sont la tête de pont du combat que mène l’Ultralibéralisme CONTRE le Bien Commun.
D’ailleurs les arguments avoués pour les légitimer à savoir :
-
Un bien est forcément mieux géré par SON propriétaire
-
L’État, par essence, entrave les libertés d’entreprendre et de prospérer
-
La Main invisible du Marché corrigera tout aléa funeste
sont la copie conforme des préceptes du Libéralisme « canal historique ».
Il ne s’agit pas ici de disserter des qualités et défauts du Libéralisme et du Capitalisme - quoique -; il s’agit ici de constater à quel point la destruction des Communs mène à la normalisation de la déshumanisation de notre société. Le prima de l’Argent sur la Vie.
Défaite de la morale
« L’esprit des Communs fut celui qui permit aux premiers Hommes de survivre alors que les ressources étaient difficiles à exploiter. .../… Aujourd’hui, à l’heure où les ressources diminuent pour cause de raréfaction et de surpopulation, l’Homme décide paradoxalement et absurdement de s’éloigner plus encore de cet esprit. »
La morale aussi est une valeur déconstruite par les préceptes libéraux, pour autant nous consacrerons à l’acte « dissident » d’y faire, ici, référence.
Le conflit entre Communs et Ultralibéralisme est hautement moral en ce sens que les uns sont une émanation directe des valeurs ancestrales (Solidarité, entraide, partage, instinct de vie, humanisme,…) et que l’autre en a fait table rase en se basant sur des valeurs uniquement pragmatiques (profit, intérêt de caste, égoïsme, calcul, licence accordée au vice, …). Toute la nuance entre l’instinct de conservation (de la communauté et de sa descendance) et l’instinct de survie (« sauver ses fesses »).
Les héros sont morts et ceux que l’on voit traverser nos écrans de télévision sont les dérivatifs oniriques et spectaculaires des petits exploits que les couards ne feront jamais et que les Hommes de bien n’auront plus l’opportunité de réaliser faute de bien commun à défendre.
La défaite de l’esprit des Communs et la réduction drastique du nombre des sociétés nationales dans tous les pays du globe se sont-elle jouées à Bretton Woods ? Ou au moment où les pays se sont défait de leur souveraineté en confiant la création du Commun monétaire aux banques privées ? Ou bien à l’avènement du « Village Global » surgi de l’apparition simultanée de l’internet, de l’économie mondialisée et des transports de masse et propulsant paradoxalement un individualisme généralisé ?
Les chemins qui ont mené à cette défaite sont certes complexes et multiples, mais la cause première prend racine dans l’animal qu’est resté l’Homme et dans son instinct irrépressible de survie.
Mais cet instinct ne garantit pas qu’il mène immanquablement aux bons choix.
L’esprit des Communs fut celui qui permit aux premiers Hommes de survivre alors que les ressources étaient difficiles à exploiter. L’esprit des Communs permit leur évolution, leurs conquêtes, leur affranchissement des contraintes.
Aujourd’hui, à l’heure où les ressources diminuent pour cause de raréfaction et de surpopulation, l’Homme décide paradoxalement et absurdement de s’éloigner plus encore de cet esprit.
L’individualisme autorisé par l’abondance (épisodique au regard de l’histoire et géographiquement circonscrite aux pays « Maîtres du Monde ») atteinte au siècle dernier, le pousse à croire en des solutions égocentrées. Il ne faut pas être Grand Clerc pour préjuger du résultat.
Seul le retour à l’esprit des Communs nous permettra de surmonter les épreuves qui nous sont imposées et d’amortir les effets de celles, immenses, qui se profilent à grand pas.
Jean-Charles Aknin
Cet article commente l’altération délétère des équilibres entre le pouvoir de l’état et les contre-pouvoirs en France.
Il passe en revue, vis à vis du pouvoir central, les relations et les rapports de force des pouvoirs constitutionnels, des pouvoirs institutionnels, et des contre-pouvoirs de fait, présents dans la société française.
- Le Pouvoir exécutif
- Le Pouvoir législatif
- L’autorité judiciaire
- Autres Pouvoirs institutionnels
- Autorités administratives et publiques indépendantes (AAPI)
- Le Pouvoir médiatique
- Le Pouvoir économique et financier
- Le Pouvoir d’influence des artistes
- Le Pouvoir syndical
- Les associations
- Le Pouvoir des partis d’opposition
- Les Méta-Pouvoirs de l’UE
- La Désobéissance Civile
- Le Boycott à la consommation
- Le Pouvoir de la rue et la liberté d’expression
Les personnes avisées de la Chose Publique savent que la Démocratie véritable et pure n’a jamais été instaurée où que ce soit sur terre et dans l’histoire, si ce n’est à l’échelle de populations très limitées en nombre.
Il n’est pas le lieu ici d’en faire l’inventaire (ce n’est pas une thèse) mais, toujours, le nombre a induit des problèmes pratiques insurmontables quand il s’est agit de fonder une authentique Démocratie Directe – où tous décident de tout en tout domaine.
Voilà pourquoi de la Grèce antique à nos jours se sont trouvés de nombreux penseurs pour explorer des déclinaisons satisfaisantes pour contourner le problème.
Un simple détour sur la page Wikipédia « Démocratie » donne un aperçu de la quantité de « jus de cerveau » qui fut produite au long des âges pour répondre à cette question qui semble en fait insoluble.
Par dépit, le parti pris par tous ces doctes démocrates fut celui de décrire des compromis acceptables afin de limiter les abus de la nature humaine encline, par accession pyramidale, à la jouissance de pouvoir exclusif et sans limite.
En renfort de ces compromis, différentes versions du « contrat social » (religions, philosophies, Lumières…) ont été élaborées pour encadrer l’instinct animal qui, dit-on, n’avait pas cours du temps où la bête humaine s’est dressée sur 2 pattes il y a quelques millénaires.
A mi-chemin donc des pouvoirs divins, Pharaons, Grands Khan, tyrannies moyenâgeuses et de la mythique Démocratie Directe, les sociétés humaines expérimentent depuis quelques siècles la Démocratie Semi-Directe.
Celle-ci consiste globalement en la désignation de représentants du peuple agrémentée de contre-pouvoirs censés contrôler leur exercice.
Le catalogue des Démocraties Semi-Directes est aussi divers et varié que le sont les Constitutions écrites pour les propulser. Les dosages, ajustements, médiations qui y ont été convoqués sont innombrables, mais, aussi brillantes que furent leur rédaction, les Constitutions les plus respectueuses du Bien Commun sont sans doute celles qui ont su édifier et préserver avec force les contre-pouvoirs qu’elles avaient prévus lors de leur conception.
Car enfin, même si l’on considère que tout (chaque article, chaque paragraphe, chaque mot) est important dans une Constitution, les lois fondamentales et leur esprit ne valent qu’au regard de ce qui les garantit. Et si l’on ne s’en tient qu’aux bonnes intentions, souvenons-nous que l’enfer en est pavé. Ainsi la Constitution est une sorte de méta-contrat dans lequel il est prévu des garanties solides, comme chez le notaire ou à la banque.
Cette introduction se veut, s’il en était nécessaire, être le rappel que les contre-pouvoirs sont la pierre angulaire de toute organisation humaine, le garde-corps contre les barbares, le garde-fou contre les fous, le rempart contre les dictateurs.
Venons-en maintenant à notre chère Démocratie Française… à ce qu’il en reste, plus exactement.
Notre Constitution parle de 3 pouvoirs censés se compenser et se contrôler mutuellement : l’exécutif, le législatif et l’autorité judiciaire. On en explorera d’autres, moins institutionnels mais tout aussi puissants... ou pas.
Le Pouvoir exécutif
Il est théoriquement aux mains du gouvernement avec cette particularité française qui accorde par usage un pouvoir spécifique au Président en matière de politique étrangère et de défense. Cette « exception » est appelée « domaine réservé » du chef de l’état.
On a vu que le pouvoir exécutif dévolu au gouvernement lui a progressivement échappé et qu’il est aujourd’hui en totalité aux mains du Président. Nous sommes donc de fait dans une « Démocratie Présidentielle ».
Ce qui n’est absolument pas inscrit dans les dispositions de notre Constitution.
N.B. : Le surgissement d’une nouvelle cohabitation serait de ce point de vue hautement intéressant à observer.
Le pouvoir d’initiative absolu du Chef de l’État en matière de référendum - on ne s’étendra pas sur la question du RIP – est un symptôme qui corrobore le diagnostic précédent.
Le Pouvoir législatif
Les 2 chambres (Assemblée Nationale et Sénat) votent les lois (Assemblée Nationale) et les amendent (Assemblée Nationale et Sénat). Les lois sont proposées par le gouvernement (une récente modification de la Constitution permet aux groupes parlementaires de proposer des lois d’une façon drastiquement limitée). Ces 2 chambres ont aussi un pouvoir de contrôle sur l’exécutif. Voilà pour le cadre général.
Mais depuis les années 90, sous Jospin, les élections législatives se déroulent immédiatement à la suite de l’élection présidentielle, ce qui génère immanquablement une Assemblée Nationale au diapason de l’orientation politique du Président fraîchement élu.
Ainsi donc, grâce à cette calamiteuse réforme constitutionnelle, l’Assemblée Nationale, qui a le dernier mot en matière de lois, est devenue une chambre d’enregistrement des menées du gouvernement. Les députés du camp majoritaire sont appelés « députés godillots ».
Reste à citer le 49-3, réputé n’être utilisé qu’à petite dose depuis la réforme constitutionnelle de 2008, s’est vu imposé à répétition (Rocard détenant le record avec 24 recours). Par ce chantage/défi où le gouvernement met dans la balance sa destitution face au vote de la loi souhaitée, le 49.3 est une arme de coercition gouvernementale hautement antidémocratique.
Ainsi le pouvoir législatif, si l’on excepte le petit pouvoir de résistance du Sénat, est aussi aux mains du Chef de l’état.
Ce qui n’est absolument pas inscrit dans les dispositions de notre Constitution.
On peut ajouter qu’à l’occasion d’une réforme constitutionnelle nécessitant la convocation du congrès (Assemblée Nationale et Sénat réunis), les députés de la majorité étant majoritaires (augmentés du fait de la non proportionnalité de la représentation parlementaire), la réforme voulue par le chef de l’État aura d’autant plus de chance d’être acquise.
Ce qui est encore une autre façon de tordre le bras de la Constitution.
L’autorité judiciaire
Cette autorité est principalement constituée de deux pôles : les juges du Parquet et les juges du Siège.
Le Parquet (ministère public) est aux mains de l’exécutif via le lien hiérarchique qui le lie au Garde des Sceaux. Son indépendance est régulièrement commentée (même récemment) mais il ne fait aucun doute que les carrières de ses membres dépendent directement du ministre même si celui-ci s’en défend. Prétendre le contraire est pure hypocrisie.
Quant aux juges du Siège, si le courage leur en dit, gardent toute latitude par rapport au pouvoir en place. Pour autant une loi récente portant création de l'inspection générale de la justice (Décembre 2016, sous Manuel Valls), accorde un pouvoir d’audit au gouvernement sur les « dépenses et l'administration» de toutes les juridictions de l'ordre judiciaire dont le siège. Et comme on le sait, qui détient les cordons de la bourse, détient le pouvoir. En l’occurrence, la bourse n’est pas seulement la gestion des dépenses d’administration mais aussi de la masse salariale et donc des avancements et des carrières. Dans ces conditions doit-on continuer à croire en l’indépendance du Siège ?
Art. 2 : L'inspection générale exerce une mission permanente d'inspection, de contrôle, d'étude, de conseil et d'évaluation sur l'ensemble des organismes, des directions, établissements et services du ministère de la justice et des juridictions de l'ordre judiciaire ainsi que sur les personnes morales de droit public soumises à la tutelle du ministère de la justice et sur les personnes morales de droit privé dont l'activité relève des missions du ministère de la justice ou bénéficiant de financements publics auxquels contribuent les programmes du ministère de la justice.
Elle apprécie l'activité, le fonctionnement et la performance des juridictions, établissements, services et organismes soumis à son contrôle ainsi que, dans le cadre d'une mission d'enquête, la manière de servir des personnels. Elle présente toutes recommandations et observations utiles.
Les 2 pôles de l’autorité judiciaire sont donc sous l’influence directe et indirecte de l’exécutif.
Ce qui n’est absolument pas inscrit dans les dispositions de notre Constitution.
Avant de poursuivre à propos d’autres pouvoirs influant de notre société « démocratique », on se souviendra de l’épisode récent qui vit la nomination du Procureur de Paris, dont l’usage voulait qu’il soit désigné au choix du Syndicat de la Magistrature. Les 3 noms proposés au Chef de l’état (cette procédure est déjà démocratiquement contestable) furent rejetés et un édile présidentiel fut choisi hors liste.
Ou cet autre épisode qui vit récemment le limogeage soudain et mystérieux du Président du Pôle Financier (ex TracFin).
Ou encore les tentatives incessantes de supprimer les juges d’instruction.
Ceci n’est absolument pas inscrit dans les dispositions de notre Constitution.
Autres Pouvoirs institutionnels
Le Conseil Constitutionnel, le Conseil d’État, la Cour des Comptes et autres CESE/CESER sont des pouvoirs dont l’efficience reste à discuter.
Les 2 premiers sont des instances peuplées d’ex élus et ex ministres rompus à l’exercice d’un pouvoir qu’ils ont exercé en leur temps. Ce cousinage ne garantit en rien l’indépendance recherchée.
La Cour des Comptes est, elle aussi, peuplée de membres de la caste (Enarques et inspecteurs des finances). Bien que ses avis, parfois forts instructifs, ne soient que consultatifs, elle se voit régulièrement prise d’assaut par le pouvoir. Le Président Migaud après avoir été poussé vers la sortie est sur le point d'être remplacé par un homme lige de belle facture en la personne du Commissaire Européen, Pierre Moscovici, dont les faits d'armes en tant que Ministre sous Jospin et sous Hollande ont laissé des gloires impérissables dans l'histoire récente (ironie). Macron a donc réussi à mettre la main sur la Cour des Comptes.
Les membres du CESE (Conseil économique, social et environnemental) – un bidule inventé en 2010 - et des CESER (déclinaisons Régionales) sont nommés – cooptés - par les « autorités compétentes ». Ils émanent « des forces vives de la société » ; siègent ainsi des syndicalistes, des membres de fondations, d’associations « influentes » dans l’environnement ou dans toute sorte de domaines, des représentants d’associations familiales, des « personnalités qualifiées choisies en raison de leur compétence ». Ce côté fourre-tout, a priori sympathique représente en fait un exemple parfait de clientélisme qui permet à ces personnes (300 pour le CESE et qques dizaines pour les CESER) d’être chacune rémunérée de quelques 2000€ pour le CESE et de plus de 1000€ dans les CESER.
On a pu voir dans la presse quelques articles s’interrogeant sur l’efficience de leurs travaux consistant souvent en l’élaboration de dossiers assez scolaires (parfois des copiés collés) qui, de plus, ne sont fournis aux Conseils Régionaux qu’à titre d’avis. Quand on y ajoute les défraiements et budget de fonctionnement, on ne peut que constater que ce clientélisme est hors de prix pour quelques dossiers plus ou moins épais destinés à finir dans un fond de tiroir si ce n’est à la poubelle.
Liste des institutions
- Conseil économique, social et environnemental
- Conseil d'analyse économique
- Cour des comptes
- Institut de France
- Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE)
- Banque de France
- Caisse des dépôts et consignations
- Comité consultatif national d'éthique
- Commission nationale de l'informatique et des libertés
- Conseil supérieur de l'audiovisuel
- Pôle emploi
Il n’y a rien à attendre de ces instances qui, épisodiquement, se manifestent à travers des « avis », sans possibilité de contrainte, et a fortiori, privées de tout pouvoir.
Là encore on ne pourra parler de Contre-pouvoir.
Les autorités administratives indépendantes (AAI) et autorités publiques indépendantes (API)
Dans un souci d’exhaustivité, voici les 26 autorités françaises auxquelles est attaché le noble caractère d’indépendance. Hélas, l’indépendance ne fait pas tout et la question principale reste de savoir si elles disposent d’un pouvoir contraignant. Si leur influence émerge au coup par coup, on ne peut que constater que cette influence ne vaut pas droit et exécution.
On connaît la portée des injonctions de la CNIL, de l’HADOPI ou du Défenseur des Droits (pour ne citer que les plus connus). Quand leurs injonctions vont dans le sens de l’État, elles sont relayées et instrumentalisées à loisir, par contre si, par hasard, une injonction déplaît au pouvoir, elle sera vite mise sous le tapis, souvent relativisée, même décrédibilisée, avec parfois à la clé des « remerciements » en bonne et due forme.
D’autre part, comme pour les CESE ou les Conseils institutionnels, il s’agit de regarder les hommes plutôt que le statut des structures où ils pointent.
"Ces 3 commentaires tirés du rapport de la Cour des Compte de février 2018 les concernant les AAPI suffiront à vous faire un avis sur les intérêts qui sont en jeu par-delà leur missions spécifiques :
- Des rémunérations attractives et peu encadrées
- Une large autonomie en matière de recrutement
- Outre des ressources budgétaires d’une ampleur éminemment variable, ces autorités sont, de manière générale, soustraites, selon leur vocation et/ou la personnalité de leurs dirigeants, aux habituelles procédures d’arbitrage applicables aux administrations de l’État. La loi est d’ailleurs venue renforcer récemment une autonomie de gestion déjà large. Elles sont ainsi exemptées du contrôle budgétaire de droit commun.
Le corollaire de cette liberté devrait être un autocontrôle exigeant ; celui-ci n’est pourtant pas toujours observé."
Les 7 autorités publiques indépendantes :
- Agence française de lutte contre le dopage (AFLD)
- Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER)
- Autorité des marchés financiers (AMF)
- Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)
- Haute autorité de santé (HAS)
- Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI)
- Médiateur national de l’énergie
Les 19 autorités administratives indépendantes :
- Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNUSA)
- Autorité de la concurrence
- Autorité de régulation de la distribution de la presse (ARDP)
- Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP)
- Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL)
- Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
- Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN)
- Commission d’accès aux documents administratifs (CADA)
- Commission de régulation de l’énergie (CRE)
- Commission du secret de la défense nationale (CSDN)
- Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR)
- Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)
- Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CCFP)
- Commission nationale du débat public (CNDP)
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL)
- Défenseur des droits
- Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP)
- Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C)
- Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES)
Le Pouvoir médiatique
Ce pouvoir n’est pas pris en compte dans notre Constitution. Cependant, il est patent.
Pourtant, au vu du nombre d’articles de lois qui y font référence, les autorités sont largement conscientes de sa puissance.
Il est très présent dans les lois afférentes aux élections (loi électorale) et à la liberté d’expression.
D’une façon générale, on se rend vite à l’évidence que la lecture des lois de toute sorte, n’est qu’une itération interminable d’interdictions et que les mots « autorisé » ou « permis » jurent avec le reste lorsque soudainement ils apparaissent dans un texte de loi.
Ainsi, il est surprenant que tant de citoyens vouent une quasi adoration à ce bréviaire monumental de contraintes et de restrictions.
Les articles concernant la presse et les médias en général ne font pas exception.
Cela dit, la réalité est bien différente et on constate désormais tous les jours que le pouvoir en place sait très bien s’accommoder des cadres imposés.
Pour cela, il est de notoriété publique qu’il est aidé par les empires médiatiques de moins de 10 milliardaires qui font la pluie et le beau temps dans nos journaux, sur nos écrans et à la radio puisqu’ils possèdent 90 % des médias français.
La campagne présidentielle éclair de Macron et la couverture du Grand débat de l’hiver 2019 (pour ne citer que ces 2 exemples) en sont une preuve incontestable.
On se souvient de cette loi anti-concentration de la presse écrite qui menaçait régulièrement Mr Hersant dans les années 70/80. Qu’est-elle devenue ?
Ainsi, le pouvoir médiatique est aux mains de l’exécutif et cette entorse à l’esprit de la Constitution n’a pas l’air de le déranger outre mesure.
Le Pouvoir économique et financier
Sans nul doute le plus important mais dont les multiples menées restent obstinément hors de portée du visible ou du tangible.
Les argentiers de toute espèce s’exercent depuis maintenant des siècles à repousser tout obstacle à leurs activités. Beaucoup s’accordent à relever que l’acte originel qui amorça leur expansion actuelle fut de légitimer l’intérêt qui, en des temps lointains, était nommé « usure » et considéré comme péché.
Et à l’autre bout de l’histoire, leur grande victoire – leur triomphe absolu - fut d’obtenir auprès de nos gouvernants scélérats l’interdiction faite aux banques centrales de battre monnaie en obligeant celles-ci à leur emprunter un argent qu'ils créent ex-nihilo. Procédure balisée par tout acte de prêt contracté auprès de l’État ou auprès des acteurs privés (entreprises et particuliers). Ce triomphe marque l’avènement de l’Argent-Dette et par conséquent la perte totale pour les Etats de la souveraineté monétaire.
Mais la maîtrise absolue de l’argent ne semble pas satisfaire cette caste de psychopathes puisque ces Super-Banquiers n’ont de cesse de repousser toujours plus avant leur main mise sur le monde.
Les illustrations des perversions issues de ce système monétaire sont infinies et largement documentées (même si leur dénonciation ne se réfère pas toujours à la mise en cause des règles de création monétaire, cette racine systémique). L’épuisement des ressources de la planète, l’exacerbation de la mise en concurrence des hommes et des peuples, l’altération des valeurs humaines au profit des valeurs d’argent, la primauté de l’individualisme au détriment des solidarités….
Parmi ces aberrations si nombreuses, on peut relever, par exemple, les pénuries artificielles sur les denrées alimentaires provoquant des famines, la raréfaction artificielle des médicaments causant des détresses mortifères chez les patients, la volonté de brevetage du vivant déshéritant les cueilleurs producteurs de semences ancestrales, l'assèchement économique des cultures vivrières, la priorité donnée aux exploitations polluantes au détriment de l’environnement.
Un de leur dernier fait d’armes : la mise en cause et la criminalisation des lanceurs d’alerte relégués au statut de vulgaires délinquants.
Leur capacité incessante de tordre les ordres moraux, le simple bon sens ou le plus élémentaire sens de la justice ne remporterait pas autant de succès si les dirigeants n’y prêtaient pas main forte.
La consanguinité en perpétuelle augmentation entre les milieux de la Finance, les milieux d’affaires et les politiques (qui n’est plus a démontrer) offre la meilleure garantie pour « rémunérer » leur complicité. De fait, les conflits d’intérêt, les pantouflages et les contrats de connivences sont de nos jours légions.
Macron ne se cache même plus d’être, sinon de leur caste, leur homme lige, zélé et appliqué. Si bien qu’on entend plus parler du MEDEF puisqu’un des leurs est aux manettes.
L’argent était de tout temps du côté du pouvoir, l’argent se cachait dans les coulisses, mais aujourd’hui, de façon assumée, au vu et au su de tous, il est au pouvoir.
Le Pouvoir d’influence des artistes
Dans le sillage du pouvoir médiatique, on a vu régulièrement (aux US en particulier) des artistes prendre part aux débats de société et mettre leur notoriété au service d’une cause et, d’une certaine façon, de la Démocratie – puisqu’en général, il s’agit de prendre fait et cause pour défendre une minorité -.
De tels actes restent possibles dans un espace médiatique libre ou au moins multipolaire d’un point de vue politique. Mais ceux-là qui voudraient émettre une voix dissidente, dépendent justement des médias pour leur promotion artistique. Qui voudra présenter son livre, promotionner son film ou son disque s’exposera immédiatement à une censure souterraine et pernicieuse.
En l’état de concentration des médias et de leur connivence avérée avec le pouvoir, il est extrêmement risqué pour un artiste de faire acte de résistance ou de rébellion.
Ainsi le pouvoir d’influence des artistes est à la main du pouvoir.
La nomination récente de Dominique Boutonnat à la présidence du Centre national du cinéma (CNC) est aussi une autre prise de pouvoir sur le milieu artistique puisque ce Mr détient la clé des commissions de subventions sur les films. Ainsi tout scénario « non conforme » pourra être invalidé par cet ami de Macron.
Un autre phénomène limite l’expression dissidente des artistes : L’engouement des super milliardaires pour l’art et les investissements qu’ils effectuent à travers la création de fondations dédiées aux arts plastiques et contemporains. Il ne viendrait pas à l’idée d’un Bernard Arnault de promotionner un artiste libertaire anticapitaliste notoire.
Le Pouvoir syndical
Le recul constant du nombre de leurs adhérents, le cumul de leurs échecs, la ringardisation méthodique de leur lutte, la décrédibilisation de leurs actions, leurs erreurs stratégiques et tactiques éloignent durablement le levier de résistance que les syndicats pourraient/pouvaient représenter.
Il serait vain de rembobiner l’histoire pour savoir à quel moment cela a dérapé, mais aujourd’hui nous assistons à un pathétique jeu de rôle où les syndicats gesticulent sans aucune perspective.
Quand ils agissent, c’est pour une manif' d'une journée (ils appellent ça une journée d'action), parfois une action symbolique, un rassemblement... Quand il s'agit de grève illimitée, elle ne concernera qu'un secteur, une branche, une profession - tout en prenant soin que ces "opérations" ne bloquent que très relativement la vie économique du pays -. Ils pratiquent aussi les grèves perlées. Jamais ou rarement en Intersyndicale, et se gardent bien de prononcer le mot tabou (qu'on doit leur interdire ?) : grève générale.
Si on ajoute que les syndicats sont sous perfusion budgétaire de l'état et de l’Europe, on comprend que le jeu de rôle est installé durablement et qu’il consiste à ce que les syndicats fassent semblant.
Là encore sur ces décombres, le pouvoir à la main sur l’action syndicale.
Les associations
Largement subventionnées, elles sont à la même enseigne que les syndicats, les artistes, dépendantes du bon vouloir des autorités (baronnies locales ou nationales)
Tout ce qui dépasse un peu trop, tout ce qui dérange est à portée de la censure du pouvoir.
Une réflexion cynique et désespérante peut pousser le propos à charge de la duplicité des pouvoirs publics : les associations qui perdurent malgré leur dissidence affichée peuvent représenter la caution démocratique dont l’état a besoin pour justifier de sa magnanime tolérance. Tout cela dans les limites d’une influence acceptable, bien sûr.
Le Pouvoir des partis d’opposition
Ce chapitre aurait dû, au vu de la Constitution, se situer bien plus haut dans cet article.
Las, la description de l’état des contre-pouvoirs en France relègue les partis d’opposition en fin de cortège.
En effet, nous avons tous constaté, citoyens de tout bord, que les partis sont des coquilles vides dans lesquels s’épanouit la même caste d’affidés à la même idéologie néolibérale.
A quelques minces nuances près, les « partis de gouvernement » ont consacré les mêmes credos pro européens, pro libéraux, pro mondialisation à la botte des banquiers et des mêmes puissants « capitaines d’industrie ». Il faut être aveugle pour ne pas en avoir pris conscience et pour affirmer que le bien commun ait pu conduire leur ligne directrice.
« Partis de gouvernement ». Cette expression se veut être infantilisante pour ceux qui n’en sont pas. Pour autant, elle circonscrit très bien le Club auquel nous avons a faire.
Un mot tout de même sur le Pouvoir d’opposition (puisque tous les partis ne sont pas à mettre dans le même sac) :
- La non proportionnelle,
- la limitation de présentation de lois,
- la procédure de 49-3
- la dépendance budgétaire par financement encadré de l'état,
- Les latitudes du pouvoir en matière de pression judiciaire (perquisitions, contrôles fiscaux, ...)
sont autant d’obstacles à l’efficience des actions qui pourraient être menées.
S’ajoutent quasi mécaniquement la mise en œuvre, ou la menace de mise en œuvre, contre l’opposition des moyens de pression passer en revue précédemment : campagne de lynchage médiatique, décrédibilisation ou diabolisation organisées dans les médias, possible instrumentalisation de la justice, pression fiscale… Même au sein du Club des « partis de gouvernement », ces menaces (fondées ou pas) sont désormais pratiquées régulièrement.
L’opposition est donc privée de toute l’influence qu’elle pouvait avoir par le passé ce qui réduit encore une fois un possible contre-pouvoir.
Les Méta-Pouvoirs de l’UE
Comment vous dire… ?
3 structures :
- La Commission européenne : non élus
- Le Conseil de l'Europe : Chefs d'Etats élus
- Le Conseil des ministres européens : représentants de gouvernements élus
- Le Parlement européen : élus
Dans ce Machin, où se situe le pouvoir ? De toute évidence, et sur la fois de tous les commentateurs, le pouvoir de l’UE siège à la Commission. Justement dans la strate non élue. Elle a le pouvoir exclusif de proposer les lois. C’est d’ailleurs à Bruxelles que s’agglomèrent les lobbyistes de tout poil.
Le Conseil des ministres reçoit les directives (GOPE) décidées par les technocrates de Bruxelles, impulsées par les lobbyistes et surtout par l’idéologie fanatiquement ultralibérale dans laquelle baignent les cerveaux des commissionnaires.
Les députés européens votent en général ce qu’on leur soumet. Les faits de résistance sont rares à Strasbourg.
Voilà pour le fonctionnement du Machin. Mais ce qui nous intéresse ici est de reconnaître un contre-pouvoir et de l’évaluer.
Alors effectivement, l’UE est le plus grand contre-pouvoir auquel les gouvernements européens peuvent avoir affaire. Mais ils ne peuvent le regretter puisque ce sont eux qui se sont placés sous son emprise. Eux, les États et non pas les citoyens puisque, pour mémoire et pour ce qui concerne les français, nous avons refusé cette mise sous tutelle lors du référendum de 2005.
Ainsi donc surgit, dans ce paysage dépourvu d’aspérité, un véritable contre-pouvoir digne de ce nom ! Alléluia !
Mais ce contre-pouvoir n’est pas constitutif de notre Constitution et encore moins de notre Nation. Un contre-pouvoir, en tant que tel, ne peut être exogène puisque ses intérêts ne recoupent en rien les intérêts de notre communauté citoyenne. Et recoupent bien souvent les intérêts des politiques, et par là, des industriels et des financiers lobbyistes qui leur rendent visite.
Considérer l’UE comme un recours contre l’État français est un non sens, sauf, à l’occasion, de se rendre coupable des mêmes duplicités dont les puissants de l’État et de l’UE pratiquent à l’égard des peuples.
Duplicité puisqu’on persiste à nous faire croire en une souveraineté et une démocratie vivaces.
Enfin un contre-pouvoir idéal aurait comme objectif d’amender, de corriger les abus du pouvoir exécutif. Force est de constater que l’UE n’a que faire des menées antidémocratiques de l’État français.
L’UE n’est pas un contre-pouvoir. Elle est une marâtre qui a hérité d’enfants abandonnés par leurs parents et dont le bien-être ne lui soucie guère sauf à les empêcher de préserver son confort égoïste.
La Désobéissance Civile
La désobéissance civile est un procédé de résistance qui demande cohésion, nombre et détermination des "désobéissants".
L'inertie est son moteur. Son principe est de se situer à la frontière de la légalité pour mieux dénoncer l'ineptie, l'immoralité ou l'abus dont les désobéissants s'estiment victimes. Ainsi, quand le défi lancé fait mouche, elle peut pousser le pouvoir à réviser sa position mais le plus souvent il choisit de surenchérir en incluant dans le domaine délictuel le mode de désobéissance mis en oeuvre. Le pouvoir n'hésite plus à "criminaliser" le port d'un gilet jaune, légalise les arrestations préventives, sanctionne lourdement un simple décrochage de portrait présidentiel...
Les actions de désobéissance civile qui ne mettent pas les contestataires dans une situation illégale sont le nec plus ultra. L'exercice demande de la ruse et reste une bonne option pour mener un combat. Mais le pouvoir trouve souvent rapidement la parade à l'articulation de la ruse mise à profit et fait voter une loi pour combler la lacune exploitée.
Mais on ne peut compter "désobéissance civile" comme un véritable contre-pouvoir bien qu'elle reste une voie à intégrer dans le champ contestataire.
Le Boycott à la consommation
Dans la lignée de la désobéissance civile, le Boycott est un outil efficace toujours à condition que le nombre soit au rendez-vous.
Acceptons d'intégrer le boycott dans la cour des contre-pouvoirs, tant son efficacité intrinsèque est patente, mais il ne s'agit évidemment pas d'un contre-pouvoir attelé à la Constitution.
Le Pouvoir de la rue et la liberté d’expression
En explorant les textes de lois, on se rend compte que peu d’articles parlent de liberté d’expression. Ils consistent en quelques lignes amendées par un cortège de restrictions, cadrages, interdictions en tout genre. Bien qu’inscrite en lettres d’or dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, elle ne perdure qu’au bon vouloir de l’exécutif qui régulièrement la bat en brèche.
Les arguments prétextes sécuritaire et d’ordre public président désormais à l’étouffement de tout mouvement dissident. L’état d’urgence a bon dos.
La pensée unique permet d’assimiler toute contestation à une insurrection. Les glissements du langage médiatique modifient sournoisement le sens des mots et tord toute revendication contraire à la doctrine gouvernementale.
Europe, aspirations libertaires, justice sociale, répartition des richesses, immigration, les services publics ; autant de débats désormais interdits ou réduits à des simulacres non contradictoires et sans débouchés.
Et quand ces débats ont lieu (environnement par exemple), le « en même temps » présidentiel s’en affranchit insolemment.
On sait désormais que le pouvoir de la rue est réduit systématiquement à coup de matraques, de lacrymogènes, de LBD, de mutilations, d’arrestations arbitraires relayées par une justice aux ordres (peines de prison ferme pour un tag, sursis -Damoclès- de plusieurs années, ou amendes de 50 000€ pour un portrait décroché dans une mairie).
Au-delà de ces infractions d’État confinant au lèse-majesté (l’affaire est entendue), on peut finir par un fait anecdotique qui en dit long sur « l’ouverture d’esprit magnanime » de nos dirigeants.
Vous êtes vous rendus compte du peu de surfaces disponibles et légales mises à disposition pour l’affichage public dans nos villes ?
En fait, en quoi consiste la liberté d’expression ?
Beaucoup se gargarisent de la liberté de la presse, du droit d’éditer, du droit de « blogger ». Mais à quel moment, par quel vecteur avons-nous le moyen de nous exprimer, au quotidien, sans support technique au vu et au su des autres concitoyens ?
En Chine, il y eu les dazibaos (journaux placardés sur les murs). Interdits. En Angleterre, il y a les harangueurs dans les parcs. Encore autorisé ?
Mais en France, qu’y a-t-il dans l’espace public pour s’exprimer ? Tout y est interdit. Pas de stand de rue sans déclaration préalable, pas de rassemblement, pas de micro sonorisé, pas de défilé, pas (quasiment pas) d’affichage… Même le tractage commence à poser problème.
Le pouvoir de la rue est aussi contraint et réprimé par l’État, ce qui n’est absolument pas inscrit dans les dispositions de notre Constitution.
En conclusion, sommes-nous en démocratie ? L’a-t-on jamais été ? Il faut être éditorialiste chez BFMTV pour le croire... ou le dire sans le croire. Ce qui est pire.
Bienvenue dans la dictature macronnienne.
Mr Castaner,
Nous avons appris par voie de presse que vous aviez procédé, le 16 juin dernier, à la décoration de 9162 membres des forces de l’ordre (« promotion exceptionnelle médaille de la sécurité intérieure « gilets jaunes ») au nombre desquels figurent 6 policiers actuellement impliqués dans des enquêtes concernant des violences policières.
Certains ont bénéficié de cette distinction avant leurs faits d’armes controversés.
Comme le commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing qui, à Nantes le 21 juin, (5 jours après sa promotion) lors de la fête de la musique, a ordonné de gazer des jeunes fêtards rassemblés près d’une berge de la Loire. Intervention qui a provoqué la chute de 14 personnes paniquées dans le fleuve parmi lesquels Steve, porté disparu depuis ce jour.
Et le commandant divisionnaire Yves-François Botella qui a donné l’ordre de gazer les militants écologistes pacifiques sur le Pont de Sully, le 28 juin à Paris, soit 7 jours après sa promotion.
Nous concevrons donc, pour le cas de ces 2 policiers, que vous ne pouviez pas savoir et que ces médailles auront eu pour funeste effet de les encourager à commettre les actes violents pour lesquelles ils sont mis aujourd’hui en cause. Les médailles ne sont-elles pas faites justement pour motiver les troupes ?
Par contre, bien avant d’être promus, 4 autres de ces médaillés s’étaient déjà distingués par leur ardeur à réprimer et étaient déjà mis en cause dans des enquêtes dont l’objet porte sur leur violence policière.
1er décembre 2018 : Le capitaine Bruno Félix faisait partie des policiers auditionnés dans le cadre de l’enquête sur le décès de Zineb Redouane. Ce CRS commandait ce jour-là les auteurs des tirs.
1er décembre 2018 : Le commandant divisionnaire Dominique Caffin faisait partie des CRS qui ont matraqué plusieurs manifestants dans un Burger King, à Paris, dont nous avons tous vus les images.
Et enfin 2 représentants des forces de l’ordre bien connus à Nice :
23 mars 2019 : Le commissaire Rabah Souchi, qui était à la tête de la charge de police ayant causé de graves blessures sur la militante pacifiste Geneviève Legay, 73 ans ; charge jugée par un capitaine de gendarmerie sommé d’y participer comme « disproportionnée ».
Et la compagne dudit Souchi, Hélène Pedoya, présente le jour des opérations et chargée elle-même de l’enquête sur les violences policières commises par son conjoint.
Bien sûr nous savons que les violences policières dans notre pays n’existent pas, qu’à votre connaissance aucun policier n’a jamais attaqué un manifestant.
Bien sûr nous savons que toute personne en jaune, portant du jaune ou semblant supporter des passants portant du jaune, ou pas, bien que complice, jouit du droit absolu, parce que constitutionnel, de circuler et de manifester en toute quiétude.
Bien sûr nous savons que toute expression contraire à votre vérité est autorisée, que nous sommes dans un pays démocratique bercé par la diversité des opinions, et que la liberté coule dans les veines de chaque français autant que dans les vôtres.
Bien sûr nous savons qu’il n’existe pas d’opposants politiques réprimés comme tels dans notre pays.
Bien sûr nous savons que la justice est la même pour tous, les jaunes, les pauvres, les riches et les élus du peuple.
Bien sûr nous savons qu’aucune surveillance outrancière ne scrute nos allers et venues et n’analyse nos opinions.
Bien sûr nous savons que les forces de l’ordre que vous commandez sont avant tout des gardiens de la paix extrêmement respectueux de l’intégrité physique des citoyens quels qu’ils soient et que leur discernement est à la hauteur des instructions que vous leur donnez.
Bien sûr nous savons que les dizaines de milliers de projectiles, de munitions en tout genre et les milliers de litre de gaz répandus dans les rues de toutes les villes de France ne sont que pures manifestations de fraternité et d’amitié de la part de vos troupes quelque peu extraverties.
Bien sûr nous savons que toutes les personnes mutilées, éborgnées, matraquées n’existent pas, ou qu’au plus, ont fait preuve d’imprudence, d’inconscience et, pourquoi pas, de malchance alors que les policiers bonhommes ne ciblaient que des terroristes, sortis d’on ne sait où, du jour au lendemain, telle une génération aussi spontanée que mystérieuse.
Bien sûr nous savons que la population française est heureuse, hédoniste, jouissant de tout le confort qu’un peuple pourri-gâté peut espérer.
Bien sûr nous savons que les débordements de ces derniers mois sont le fait de méchantes personnes dont la volonté est de mettre à bas votre pouvoir et votre « démocratie » tant aimée et si aimable.
Bien sûr nous savons que vous, vos amis du gouvernement jusqu’à votre Prince, êtes des gens d’une sagesse inégalable, dont le rayonnement pourrait/devrait être envié par tout peuple pour lui-même et qu’en fait, nous avons de la chance de vous avoir.
Alors forts de toutes ces libertés amoncelées, de tous ces bonheurs partagés et de cette félicité indépassable, nous concevons que vous vous sentiez le droit de faire comme bon vous semble et même de faire n’importe quoi.
Comme de gazer des écolos pacifiques après que votre Gourou ait déclaré la semaine précédente, aux côtés d’Elton John, qu’il avait besoin, comme le font les jeunesses de France et d’Europe pour le climat, qu’on lui rende la vie impossible.
Comme de recevoir, un matin à l’Assemblée Nationale, l’icône écolo Greta Thunberg, et de voter l’après-midi même l’accord commercial écologiquement mortifère du CETA
Ou comme de supporter les aveux de mensonge du procureur de Nice et les pardonner au regard de la bonne excuse qu’ils étaient justifiés par la protection de l’Être Suprême, Président de la République, pour le confort duquel on doit sacrifier son intégrité et son honneur.
Pour vous, vos amis du gouvernement et de l’assemblée, ainsi que pour votre Autistissime Roitelet, les occasions de faire n’importe quoi ne manquent pas. Il serait trop long de les lister.
Alors maintenant, comment exprimer notre indignation face à ce désert moral où l’intelligence, le discernement, l’honneur, la justice et la justesse, la sagesse et toute autre sorte de vertu ont disparu.
Alors comment exprimer notre désarroi devant ce maelström inextricable où s’enchevêtrent duplicité, mauvaise foi, abus de pouvoir, iniquité, mensonge, indifférence et férocité.
Au point d’incurie démocratique, d’inanité morale, d’irresponsabilité politique où nous en sommes, il n’y a plus rien à attendre de vous, retranché derrière votre pouvoir que vous croyez absolu, cultivant autisme et surdité. Vous êtes, comme tous ceux de votre clan, le trou noir où a disparu définitivement toute idée de dialogue.
Alors, il ne nous reste plus qu’à proclamer seuls, debout sur les ruines du Pays des lumières, ce que nous voyons, ce que nous comprenons de vos actes malveillants.
Voilà donc la réalité crue.
Avec vos médailles en chocolat, vous décorez des brutes épaisses (celles choisies par vos agents zélés) pour perpétrer leurs instincts prédateurs ;
Avec vos médailles en chocolat, vous armez la répression et encouragez les pulsions agressives.
Ce faisant, vous jetez en pâture des milliers de citoyens tranquilles et pacifiques à ces nervis assoiffés de violence gratuite et autorisée.
Ce 16 juin, le blanc seing que vous avez accroché à leur poitrail impatient leur donne permis de frapper, de mutiler et enfin de tuer sous le couvert dévoyé de « violence légitime ».
Pire, votre morgue irrespectueuse laisse supposer qu’aucune pensée particulière pour Geneviève Legay, Zineb Redouane, Steve, leur famille et pour les innombrables personnes marquées à vie dans leur chair, ne sera venue à ce qui vous reste d’esprit.
Compassion, ce sentiment qui fit qu’un jour de préhistoire, un singe devint homme, semble avoir définitivement désertée votre cortex.
Votre stratégie : en mutiler un, pour en terroriser mille.
Voilà ce que le fiel qui coule dans vos organes vous inspire.
Peu vous chaut de gouverner, votre credo est d’écraser le peuple, un peuple que vous avez pourtant pour devoir d’écouter et de protéger.
Mais nous savons aussi que de cela, de cette grande et belle charge, vous n’en avez jamais eu la moindre conscience, la moindre notion. Seuls vous guident votre intérêt de caste, de clan et, plus probablement, votre intérêt bassement et pauvrement personnel.
Mr Castaner, vous n’êtes pas ministre.
Vous ne méritez même pas d’être citoyen puisque, du peuple, vous avez fait sécession.
Quoi qu’il en soit, puisque malgré tout vous détenez le pouvoir, et que vous restez un interlocuteur obligatoire, entendez qu’en tant que citoyen, émanation authentique du peuple auquel vous devez le respect, je réclame le retrait de ces médailles attribuées aux personnes précitées jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur les enquêtes en cours.
Salutation : néant.
Jean-Charles Aknin, gilet jaune des Alpes Maritimes
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