Répondons-leur, amis Gilets Jaunes, et regardons ensemble le chemin parcouru.

Nous nous sommes rassemblés, nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus et nous avons compris que nous n'étions pas chacun isolé, reclus derrière notre désarroi.

Nous nous sommes montrés partout en France, nous nous sommes affirmés, nous avons construit un mouvement puissant, énergique et unique en son genre.

Nous avons posé des revendications, identifié des malaises, démontré notre mal-être, et, face à beaucoup de citoyens pour lesquels cela ne tombait plus sous le sens, nous avons redéfini l'exigence d'une vie digne pour tous.

Nous avons convoqué, au nom du bon sens, ce que signifie vivre en société, nous avons réaffirmé qu'agir pour le bien commun était la mission de tous, et particulièrement celle des politiques et de toute personne détentrice d'un quelconque pouvoir, patrons y compris.

Nous avons extrait du trou où l'on essayait de les enfouir les nécessités de justice sociale, fiscale et territoriale, réhabilité les impératifs de solidarité qui tissent le corps de la Nation.

Nous avons recentré les injonctions écologiques à l'endroit des gros pollueurs et autres responsables massifs des dérèglements environnementaux.

Nous nous sommes élevés contre toutes les pratiques de cooptation entre privilégiés, de népotisme, de pantouflage, de conflits d'intérêt et de renvois d'ascenseur.

Nous avons relancé la contestation de cette société à 2 vitesses, pratiquant le "deux poids, deux mesures" en matière fiscale et judiciaire, cette société où les nantis payent toujours moins et ne vont jamais en prison.

Mais de toutes ces révélations, - puisqu'il s'est agi de révéler aux endormis et aux factieux qu'une vision vertueuse persistait à l'esprit de nombre de citoyens -, ... mais de toutes ces révélations, il en est d'autres plus formidables encore :

Nous avons réveillé la bête, nous l'avons fait sortir de sa tanière. Elle s'est révélée aux yeux de tous, parée de tous ses détestables atours.

Affublée d'abord de sa duplicité, en nous accusant de tous les péchés communément honnis (racistes, antisémites, barbares, extrémistes...). Et, en minimisant notre nombre, notre cohésion et notre élan.

Affublée ensuite de sa capacité de manipulation, en mobilisant ses affidés, éditorialistes, journalistes et commentateurs à fins de nous décrédibiliser.

Affublée aussi d'une capacité de déni qui n'a d'égale que son aplomb à délivrer des mensonges.

Affublée des pires méthodes pour nous faire taire en instrumentalisant les casseurs, et en lâchant la troupe avec pour consigne de faire mal, de terroriser et de mutiler.

Affublée d'une morgue et d'une arrogance qui, en conscience, ne peuvent que redoubler le désarroi des citoyens en demande, et conduire à la haine de manière à susciter le chaos et l'éclatement de la société dont elle est censée être en charge.

Si l'on ajoute à cet accoutrement, l'inflexibilité délétère qui consiste à amplifier les maux dont souffrent la population, l'autisme pathologique qui lui fait prendre exactement les décisions contraires aux revendications et l'autoritarisme dont elle fait preuve au vu des lois qu'elle continue de voter contre l'avis de l'opinion publique, on doit se rendre à l'évidence : la bête s'est révélée.

Alors nous répondons aux esprits chagrins que pour soigner efficacement une maladie, il faut d'abord poser le bon diagnostic.
Ores, les Gilets Jaunes, mieux que nos intellectuels, mieux que les syndicats, mieux que les partis d'opposition, ont non seulement posé LE diagnostic et ont, de plus, révélé des symptômes jusque là restés cachés.

D'autre part, les Gilets Jaunes ne sont plus seuls. Nombre de citoyens se sont repolitisés, remobilisés. Désormais ce sont les yeux grands ouverts que nos compatriotes avancent. Beaucoup savent désormais que "la vérité est ailleurs" et refusent maintenant d'avaler les mixtures idéologiques qu'on voulait leur faire ingurgiter sans vergogne.

La victoire des Gilets Jaunes s'appelle l'éveil des consciences sociales... n'en déplaise aux esprits chagrins.

Par Jean-Charles Aknin

Au pays merveilleux de l'abstention


Il était une fois un grand royaume où l'on élisait son roi.
Mais jamais celui-ci ne convenait et, las, les sujets décidèrent de ne plus choisir.
Alors un jour, tous les gentils Gilets Jaunes s'abstinrent
Et puis tous les révolutionnaires tirèrent leur révérence,
Et puis aussi tous les libertaires et les communards écoeurés,
Les socialos épuisés, les écologistes essouflés,
Les syndicalistes à court de CGDTCFOFAFUDNSAlphabet,
Les réactionnaires de droite et les vieux soixante-huitards,
Les patriotes, la mort dans l'âme, et les no-borders, tournés vers le large,
Les immigrés et leur famille désillusionnés,
Paysans à l'agonie et banlieusards bannis...,
Au pays merveilleux de l'abstention, le royaume entier déserta les urnes.
Le Grand Renoncement allait sonner l'heure du Grand Cri :
"Y'en a marre !!!" et tous tapèrent du pied, tous ensemble. Vlan !!!

 

Mais les gens de palais et courtisans
Ne manquèrent pas l'occasion de satisfaire leur seigneur.
S'empressèrent alors, auprès des autels démocratiques,
Les lutins parlementaires cravatés,
Les elfes voyageurs-traders, et les vampires argentiers,
Les korrigans bureaucrates, et les léprechauns ultralibéraux,
Les Kraken pollueurs, et les affameurs de continent ventripotents,
Les gargouilles légitimi- légalistes vomisseuses de normes et d'interdits,
Les cols-blancs sanctifiés de Notre-Dame des fraudes,
Les rats de ministères ratiocineurs, et les vertueux DRH, zélés nettoyeurs,
Les jésuites de la télé, et les machiavels de la com',
Les intellos confis d'eux-mêmes, et les narcisses en-scénés,
Sans oublier les grands amnésiques endormis,
Inconscients et grégaires,
Haineux de ceux qu'ils regardent d'en haut,
Alors que déjà dans la seringue, le piston jadis sauveur,
les pousse imperceptiblement vers les fanges.
Ainsi, tous les atones de la conscience et de l'honneur
s'en allèrent en rang, disciplinés et conditionnés, aux urnes.

 

Enfin, au pays merveilleux de l'abstention,
Vint le jour du "Grand Dépouillement".
Les résultats furent proclamés,
A grand renfort de trompettes et d'introduction à la gloire.
90% d'abstention ! La victoire des "Boycotteux Libres" éclatait enfin !
Les tronqués du bulletin, dans un grand élan solidaire,
Se virent accordée la permission d'asséner
Quelques déclarations définitives dans des micros en carton,

Tandis que d'autres défilèrent jusqu'au milieu de la nuit,
Dérangeant un peu les chats et les soumis.

Dans la foulée, le roi piteux fut alors à nouveau adoubé
dans les règles et sous les ors de la Royalepublique.
Plus tard, il rentra dans son palais, triste, à peine honteux,
Le sourire aux lèvres, avec son score,
Malgré tout jugé honorable, unanimement.
100% des votes exprimés, ce n'est pas si mal...

 

Ce soir là, à l'Elysée, ils se marrèrent et eurent beaucoup d'argent.

 

La morale de cette histoire est que tout abstentionniste
Vit au dépend de celui qui ramasse la mise.
Le vote blanc l'aurait sauvé, sans doute,
Mais d'ici à ce que le blanc, le pâle et le transparent soient reconnus,
Le boycotteur, honteux et confus,
Pourra jurer - TuDieu! -, mais se fera toujours bouffer tout cru.

 

 

Crier à l’extrême droite ou au moins mettre en garde à son égard, voilà la réaction presque instinctive de beaucoup d’intellectuels face au mouvement des gilets jaunes. Au lieu de traiter les résultats électoraux comme des concepts sociologiques valables, il est temps que la classe intellectuelle accepte l’humiliation que ce mouvement inédit lui inflige pour pouvoir en tirer les bonnes conclusions. Participer au combat est le seul choix acceptable si l’on veut comprendre et refuser d’être récupéré par le parti de l’Ordre.


Le 20 janvier 2019, le journaliste Daniel Schneidermann, animateur du site « Arrêt sur images », publiait une tribune intitulée « Sas de délepénisation » dans Libération. Il y fait l’effort honorable d’accorder le libre arbitre à deux hommes issus des classes populaires, Eric Drouet et Maxime Nicolle, figures éminentes du mouvement des gilets jaunes. L’argument extraordinaire (littéralement, puisqu’il sort du lot de ce qui s’écrit généralement à leur sujet) réside en ce que ces hommes auraient la capacité de se tromper, et plus extraordinairement encore, de s’en rendre compte et de s’en repentir. On peut regretter que Schneidermann ne mentionne pas, comme presque tous les médias mainstream qui ont repris la fameuse « étude » de la Fondation Jean Jaurès sur les profils Facebook des « leaders » des gilets jaunes, Priscilla Ludosky et ses likes et commentaires, mais on peut admettre qu’il part d’une bonne intention. Une bonne intention, néanmoins, qui en dit long sur l’état délétère de la classe intellectuelle face à un mouvement politique qui, dans une large mesure, a pour effet de la rendre caduque.

Le bénéfice du doute et la présomption d’innocence doivent être rappelés, ce rappel succède au jugement moral inexorable et on peut sincèrement se demander s’il peut encore y faire quelque chose.

Tout d’abord, il faut souligner que cet article n’est qu’une autre expression d’un symptôme généralement accepté : dès qu’on parle de classes populaires le doute s’installe, il plane, et souvent il s’emballe carrément. Les cas Drouet et Nicolle démontrent que des clics et des likes ont la même conséquence que quelques quenelles dans une manifestation, à savoir l’infection du corps entier – individuel comme collectif – qui fait que toute la personne de Nicolle risque de devenir frontiste et tous les gilets jaunes des sympathisants du RN ou de la fachosphère. Il faut donc souligner la gravité non pas du contenu de l’article de Schneidermann, mais le simple fait qu’il ait paru nécessaire de l’écrire. Le bénéfice du doute et la présomption d’innocence doivent être rappelés, ce rappel succède au jugement moral inexorable et on peut sincèrement se demander s’il peut encore y faire quelque chose. Par le biais de quelques cliques et commentaires, et peu importe ce qu’affirment les concernés, le délit – d’intention –  est condamné dès qu’il semble être commis.

Le néolibéralisme, ça fait longtemps que ça dure, mais avec Macron, qui inscrit la suprématie du capital dans la loi en même temps que la suppression de l’ISF et l’introduction de la flat tax, qui légalise ainsi la distinction entre les capitalistes et ceux qui vivent de leur force de travail, la profondeur de cette société éclate au grand jour.

En réponse à cela, il ne reste que dire une fois pour toutes la pauvreté ahurissante propre à ce concept pseudo-sociologique de l’électorat qui sert principalement à exclure les pauvres du débat public, si débat il y en a. Toute l’intelligentsia mainstream, de droite à gauche, a la possibilité de publier un article ou une tribune bien-intentionnée, tant qu’elle plaque, tels une carte, les résultats des élections sur la société dans son état actuel. L’abstention, on la mentionne sans la penser. Et puis on met en garde en clamant l’injustice du système tout en évoquant la candeur stupide des classes populaires. Or, la société a au moins quatre dimensions. Aux deux dimensions de la carte il faut ajouter la durée et la profondeur. Le néolibéralisme, ça fait longtemps que ça dure, mais avec Macron, qui inscrit la suprématie du capital dans la loi en même temps que la suppression de l’ISF et l’introduction de la flat tax, qui légalise ainsi la distinction entre les capitalistes et ceux qui vivent de leur force de travail, la profondeur de cette société éclate au grand jour. Avec elle surgit un savoir inscrit dans les corps, un savoir qui n’a pas besoin d’être expliqué pour passer à l’action, un savoir qui balaye cette carte partielle et stupide qui réduit l’affrontement entre ceux qui travaillent et ceux qui profitent de ce travail à l’opposition d’une soi-disant raison modérée et l’extrême droite bestiale.

Au lieu de s’interroger sur « la vraie nature » de ces êtres énigmatiques dans leur vaillance et leur inventivité, en restant, par cette posture extérieure et surplombante dangereusement proches de ceux qui les regardent d’en haut en les traitant de « foule haineuse », il faut bien le reconnaître : les gilets jaunes nous mènent au bout de notre science.

Au lieu d’utiliser donc des concepts biaisés par leur simple origine, à savoir le cadre institutionnel contingent de la Ve République, dont les gilets jaunes, mouvement apolitique, c’est-à-dire viscéralement anti-politicard, par ailleurs, ne veulent en grande partie plus, refusant désormais d’y être réduits, il faut admettre que ce mouvement inédit est dans sa pratique plus avancé que tout discours orthodoxe prononcé à gauche ces 30 dernières années. Dans le combat sans nomenclature figée et sans classe intellectuelle sachante ou gérante qui dicterait la stratégie – cette classe dont le dernier grand exploit a été par ailleurs de faire échouer une grève de la SNCF à laquelle avaient participé 96 % des cheminots –, les gilets jaunes bricolent avec ce qu’ils connaissent et avec ce qu’ils ont sous la main, ils avancent, apprennent et avancent encore. Au lieu de s’interroger sur « la vraie nature » de ces êtres énigmatiques dans leur vaillance et leur inventivité, en restant, par cette posture extérieure et surplombante dangereusement proches de ceux qui les regardent d’en haut en les traitant de « foule haineuse », il faut bien le reconnaître : les gilets jaunes nous mènent au bout de notre science.

Ni « ordre » ni « sécurité » ne figurent sur les frontons des mairies. Néanmoins, on ne compte plus les corps qui en portent la marque, qui sont blessés, mutilés ou incarcérés.

Pour le dire tout court, les gilets jaunes humilient la gauche intellectuelle. Ils démontrent son auto-complaisance et profonde impuissance. Car c’est dans le combat, qu’ils révèlent les faiblesses du système néolibéral dont les flux de marchandises ne supportent pas la moindre digue sans que la libre circulation des personnes – malgré les lois ouvertement liberticides annoncées – puisse être supprimée pour autant. Et donc ils reviennent et bloquent à nouveau avec une plus grande intelligence pratique que n’importe quel parti ou syndicat. Dans le combat, ils dévoilent au grand public une dérive autoritaire dénoncée depuis les années 70 par des penseurs comme Nicos Poulantzas (une voix inaudible pour les formations de gauche d’aujourd’hui), un autoritarisme propre à un régime né d’une guerre civile[i], une dérive bien fondée donc qui se transforme, au moins depuis les années Sarkozy, depuis la sape des principes de base du code pénal par l’introduction du délit d’intention et du fichage de masse, de plus en plus en une assise autoritaire qui se nomme elle-même « Ordre Républicain ». Ni « ordre » ni « sécurité » ne figurent sur les frontons des mairies. Néanmoins, on ne compte plus les corps qui en portent la marque, qui sont blessés, mutilés ou incarcérés. Les principes de l’ordre, soupçon et répression, l’exemple de Nicolle et Drouet le montre à nouveau, ont bien été intégrés dans la culture médiatique dominante.

« on ne fait pas de politique-histoire sans cette passion, c’est-à-dire sans ce lien sentimental entre les intellectuels et le peuple-nation. »

Évoquer la carte électorale pour parler de ce qui se passe, avec le jugement moral qu’elle implique immédiatement, ajoute par conséquent uniquement à l’humiliation de ceux qui prétendent savoir. L’enjeu des gilets jaunes ne sont pas les élections européennes, pas les municipales, pas la présidentielle de 2022. Il s’agit d’une quête collective d’une existence plus juste et surtout plus égalitaire. Face à une classe politique et intellectuelle qui, à quelques exceptions, prend presque instinctivement position du côté de l’ordre, il faut se demander où on se positionne et quelles conséquences on tire de son positionnement. « L’erreur de l’intellectuel consiste à croire qu’il puisse « savoir » sans comprendre, et spécialement sans sentir, sans être passionné […], c’est-à-dire sans sentir les passions élémentaires du peuple », écrit Antonio Gramsci, et il ajoute « on ne fait pas de politique-histoire sans cette passion, c’est-à-dire sans ce lien sentimental entre les intellectuels et le peuple-nation. »[ii] L’intellectuel, s’il ne prend pas cet engagement passionnel du côté du peuple, il sera engagé par sa simple inertie du côté de l’ordre, qu’il le veuille ou non.

Oser vouloir partager leur victoire, participer au combat pour une société plus juste, faire humblement un peu de politique-histoire, voilà ce qu’il y a à gagner.

Éprouver cette passion, vouloir savoir, humblement, en gros, est la tâche de ceux qui ne veulent pas être du côté des simples pédants qui, la larme à l’œil, condamnent la violence de l’ordre tout en réduisant les gilets jaunes sinon à des simples sbires inconscients du clan Le Pen, du moins à des gens émus par des passions tristes et détournées qui seraient en train d’accélérer la montée magique, inexplicable et inexorable, de l’extrême droite. Des pédants qui se croient être de la gauche raisonnable mais qui appartiennent en réalité à la droite « bien-sentante », qui passe son temps à dire que les choses vont mal mais qu’elles ne peuvent pas être autrement parce que sinon le mal serait pire encore. Que ceux qui ne veulent pas être de ceux-là rejoignent avec humilité les gilets jaunes, qu’ils les accompagnent en éprouvant la justesse de leur combat, car même si l’on ne veut pas partager leur lutte on partagera sans le moindre doute leur défaite, si celle-ci devait advenir. Oser vouloir partager leur victoire, participer au combat pour une société plus juste, faire humblement un peu de politique-histoire, voilà ce qu’il y a à gagner.

[i] Cf. l’excellent livre de Grey Anderson, La guerre civile en France, 1958-1962, La Fabrique, Paris, 2018

[ii] Guerre de mouvement et guerre de position, Razmig Keucheyan (éd.), La Fabrique, Paris, 2012, p. 130 sq.

L’APPEL DES ARTISTES, CRÉATEURS ET CRÉATRICES

Depuis plusieurs mois le mouvement des Gilets Jaunes, sans précédent dans l’histoire de la Vème République, bat le pavé de nos rues.

Un mouvement de citoyen.ne.s, né spontanément, qui ne se rattache à aucun parti politique.

Un mouvement qui mobilise des dizaines de milliers de français chaque samedi, depuis plus de 6 mois, et qui est soutenu par des millions d’autres.

Un mouvement qui réclame des choses essentielles : une démocratie plus directe, une plus grande justice sociale et fiscale, des mesures radicales face à l’état d’urgence écologique.

Ce qu’ils demandent, ils le demandent pour tou.te.s. Les Gilets Jaunes, c’est nous. Nous artistes, technicien.ne.s, auteur.rice.s, de tous ces métiers de la culture, précaires ou non, sommes absolument concerné.e.s par cette mobilisation historique.

Et nous le proclamons ici : nous ne sommes pas dupes.

Nous voyons bien les ficelles usées à outrance pour discréditer les Gilets Jaunes, décrits comme des anti-écologistes, extrémistes, racistes, casseurs… La manœuvre ne prend pas, ce récit ne colle pas à la réalité même si médias grand public et porte-paroles du gouvernement voudraient bien nous y faire croire.

Comme cette violence qu’ils mettent en exergue chaque samedi.

Pourtant la violence la plus alarmante n’est pas là.

Le bilan de la répression s’aggrave chaque semaine. Au 19 avril 2019, on recensait 1 décès, 248 blessé.e.s à la tête, 23 éborgné.e.s, 5 mains arrachées chez les manifestant.e.s. C’est indigne de notre république.

Et nous ne sommes pas les premier.e.s à le dénoncer : Amnesty International, La Ligue des Droits de l’Homme, l’ONU, l’Union Européenne, le Défenseur des Droits, tou.te.s condamnent les violences policières sur les Gilets Jaunes en France.

Le nombre de blessé.e.s, de vies brisées, d’arrestations et de condamnations dépasse l’entendement. Comment peut on encore exercer notre droit de manifester face à une telle répression ? Rien ne justifie la mise en place d’un arsenal législatif dit « anti-casseur » qui bafoue nos libertés fondamentales.

Nous ne sommes pas dupes. La violence la plus menaçante est économique et sociale. C’est celle de ce gouvernement qui défend les intérêts de quelques-uns aux détriments de tous et toutes. C’est la violence qui marque les corps et les esprits de celles et ceux qui s’abîment au travail pour survivre.

Puis nous devons – c’est une urgence historique – affronter collectivement la crise écologique et trouver des solutions justes et efficaces, afin de laisser un monde vivable à nos enfants.  Nous ne sommes pas dupes. Ce gouvernement n’a cessé de reculer sur la question pour ne pas inquiéter les responsables du désastre annoncé. Les Gilets Jaunes le dénoncent comme les militants écologistes. Aujourd’hui la convergence des luttes sociales et environnementales est en route.

Nous continuerons à nous indigner, plus fort, plus souvent, plus ensemble.

Et aujourd’hui, nous appelons à écrire une nouvelle histoire.

Nous écrivain.ne.s, musicien.ne.s, réalisateur.rice.s, éditeur.rice.s, sculpteur.rice.s, photographes, technicien.ne.s du son et de l’image, scénaristes, chorégraphes, dessinateur.rice.s, peintres, circassien.ne.s, comédien.ne.s, producteur.rice.s, danseur.se.s, créateur.rice.s en tous genres, sommes révolté.e.s par la répression, la manipulation et l’irresponsabilité de ce gouvernement à un moment si charnière de notre histoire.

Utilisons notre pouvoir, celui des mots, de la parole, de la musique, de l’image, de la pensée, de l’art, pour inventer un nouveau récit et soutenir celles et ceux qui luttent dans la rue et sur les ronds-points depuis des mois.

Rien n’est écrit. Dessinons un monde meilleur.

A dream you dream alone is only a dream. 
A dream you dream together is reality.

John Lennon

Collectif Yellow Submarine

Pour nous rejoindre ou nous contacter : 
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Voici 33 noms connus parmi la liste de 1400 signataires visible sur le site

Jeanne BALIBAR / comédienne et réalisatrice

Bruno GACCIO / auteur

Anne-Laure GRUET / actrice réalisatrice

Juliette BINOCHE / comédienne

Denis ROBERT / écrivain, réalisateur

Gilles PERRET / réalisateur

Yvan LE BOLLOC’H / chanteur, comédien

Simon ABKARIAN / acteur, auteur, metteur en scène

Frank MARGERIN / auteur de BD

Emmanuelle BÉART / comédienne

Christine BOISSON / actrice

Robert GUÉDIGUIAN / cinéaste

Anouk GRINBERG / actrice

Jean-Luc MOREAU / metteur en scène

Fanny COTTENÇON / comédienne

Ariane ASCARIDE / comédienne

Annie ERNAUX / écrivaine

China MOSES / musicienne

Elli MEDEIROS / artiste

Luis REGO / comédien

Vincent CESPEDES / philosophe, compositeur

Julien SERI / réalisateur

Niko KANTES (Sporto Kantes) / musicien

Martin MEISSONNIER / musicien, réalisateur

Eva DARLAN / comédienne

Aline PAILLER / productrice radio

Jacques BONNAFFÉ / comédien

Mireille PERRIER / comédienne

Philippine LEROY-BEAULIEU / actrice

Christine CITTI / comédienne autrice

Michel SIDOROFF / auteur et réalisateur

Isabelle ALONSO / écrivaine

Sam KARMANN / acteur, réalisateur

UN CAMOUFLET DE DOUZE MILLIONS

Le Grand Débat de Macron, qui a duré six mois, a coûté 12 millions d’euros. Il avait été précédé par une annonce pour une fois tenue: ce débat aura lieu, avait-il été dit, mais le cap ne changera pas. Pour une fois qu’un président de la République honore sa parole, saluons son honnêteté. Ce prétendu débat avec des interlocuteurs choisis et triés sur le volet par les préfectures a bien eu lieu; il a généré des dizaines d’heures de monologues que les chaines d’informations ont diffusé et commenté avec gourmandise, idem avec les quotidiens et les magazines qui s’en sont repu; aucune instance de régulation genre Conseil Supérieur de l’Audiovisuel n’a imaginé une seule seconde que ce temps de parole devrait entrer dans le décompte du temps alloué aux partis lors de la campagne pour les élections européennes. Ce président qui avait stigmatisé les présidences bavardes de ses prédécesseurs est en train de les enfoncer comme jamais.

Tout ce barnum qui a éloigné le président de la République de son bureau de travail pendant de longues semaines a eu lieu et, après deux longues heures d’un interminable monologue narcissique présenté comme une conférence de presse à même de faire un bilan de ces six mois, nous en avons désormais bien la certitude: rien ne va changer, la direction est la bonne, il faut continuer dans ce sens, et même accélérer le rythme. Le principe étant que, si l’Europe (mot tabou pendant ces deux heures: normal, c’est le mot du seul enjeu véritable…) déçoit c’est parce qu’il n’y a pas assez d’Europe, dès lors il faut plus d’Europe encore. C’est aussi malin qu’un cancérologue qui dirait à son patient souffrant de sa maladie qu’il lui faudrait plus de cancer encore pour aller mieux…

J’ai annoncé la chose et je l’ai écrite plusieurs fois, c’était facile de savoir que les choses se passeraient ainsi. Tout le monde peut désormais le savoir: le Grand (sic) Débat était une affaire d’enfumage pour calmer ceux des gilets-jaunes qui ont cru à cette opération de communication. Je le répète: dans le cadre étroit de l’Etat maastrichtien, Macron n’a pas d’autre choix que de maintenir le cap. Il le maintient. Junker peut lui envoyer des roses rouges.

Cette conférence de presse, c’était en fait le chef de la France d’en haut qui parlait aux domestiques de la France d’en haut pour leur dire que cette même France d’en haut n’avait rien à craindre: le cap maastrichtien allait être maintenu. Les gilets-jaunes disent-ils depuis des semaines que pareille direction conduit aux vortex marins? Leur cas est vite expédié par le jeune homme: "ce ne sera pas une réponse aux gilets-jaunes, mais à tous les Français" -ce qui donne, traduit dans la langue qui pourrait être celle de la meuf Ndiaye propulsée porte parole du gouvernement, probablement pour son style fleuri  et son art de la synthèse: "Virez moi ces gueux, je n’ai rien à dire à ces connards, passons aux choses sérieuses." Le plus honnête eut été de s’exprimer ainsi.


En effet, dès les premières minutes, les gilets-jaunes ont été habillés par le président de la République avec ses crachats habituels: homophobes, racistes, antisémites, complotistes, etc. Les médias ont abondamment délayé ces vomissures depuis une demie année, on connaît désormais très bien ces insultes qui passent pour un argumentaire -c’est ainsi que cet homme à la pensée complexe se repose de trop penser et de penser trop haut.

Moins de cinq minutes après le début de cette sotie -la sotie est une "farce satirique et allégorique du Moyen Âge, jouée par des acteurs en costume de bouffon"- , les gilets-jaunes pouvaient éteindre leur télévision, cette soirée ne serait pas la leur. Pendant des semaines ils ont demandé un orage civique; Macron leur a offert une rosée médiatique et ce fut un pissat de colibri.

"Nous sommes avant tout les enfants des Lumières", a-t-il asséné, probablement après avoir pompé dans le Lagarde & Michard -lui ou la Meuf. A l’écouter, rien n’était moins sûr… Tout dans son intervention était brumeux et fumeux, fuligineux et vaporeux, en un mot: ennuyeux. Rien de la drôlerie ironique de Voltaire, rien de la profonde légèreté de Diderot, rien de la radicalité de Rousseau, rien de la pensée élégante de Montesquieu, rien de l’espièglerie de La Mettrie, rien de la profonde humanité d’Helvétius, rien de la puissance de d’Holbach. De Lumières, il n’y en eut point, juste une veilleuse de nuit au pied du lit. Un colibri vous dis-je. Lui qui, après avoir professé jadis que la culture française n’existait pas, a changé de bord, et ça n’est pas la première fois, en parlant de "cet art un peu particulier d’être français". Pour le coup, ce soir-là comme tant d’autres, il n’a pas été un bien grand Français!

Il se peut qu’armé de cette loupiote il n’ait pas vu grand chose pendant son marathon dans la France rurale. Mais il fit bonne figure et eut toutefois un air inspiré, comme madame Trogneux le lui a probablement appris en jouant "Les Fourberies de Scapin" au lycée des jésuites d’Amiens, un air profond, comme il est dit dans les didascalies des pièces de théâtre du genre: "Ici on aura l’air grave." Après avoir ménagé un silence pendant lequel il devait compter mentalement les secondes "une, deux, trois", il a repris la parole et confessé ces propos d’un converti : il a vu "l’épaisseur de la vie des gens". Tudieu! Le bougre est devenu président de la République alors qu’il ignorait tout de l’épaisseur de la vie des gens! Quel talent ce Scapin qui a eu besoin d’un tour de France à douze millions d’euros pour apprendre ce qu’il aurait dû savoir depuis bien plus longtemps que ça -disons: juste après son stage de l’ENA…

Après la conversion de Claudel derrière un pilier de Notre-Dame, il faut désormais compter avec la conversion de Macron aux pieds d’un pommier de Bourguignotte en Normandie! Il a vu "la France profonde" comme l’auteur du "Partage de minuit" avait vu dieu. Même si cette apparition parait plus modeste, elle mérite d’être marquée d’une pierre blanche. Gageons qu’il en sortira une purification existentielle -c’est du moins ce qui a été annoncé par l’impétrant.

Mais, dans ce tour de France par un seul enfant, Emmanuel Macron n’a pas vu de gilets-jaunes. S’il ne les a pas vus, il ne les a pas entendus non plus -il n’entend que les propos racistes, les propos homophobes, les propos antisémites, etc., que lui rapportent, au choix, le philosophe Castaner, ou le ministre de l’Intérieur BHL, sinon le comédien Luc Ferry ou le penseur François Berléand. Mais ce peut-être aussi Alain Sloterdijk ou Peter Badiou, je ne sais plus, les ennemis des gilets-jaunes ne manquent pas…

Macron n’entend pas les gilets-jaunes, mais il leur répond quand même: vous vouliez le référendum d’initiative citoyenne? Vous ne l’aurez pas bandes de paltoquets! A la place, (il y a des mois que j’annonce que la chose sera ainsi notifiée…), vous aurez l’élargissement du référendum d’initiative partagée. Quèsaco? Un référendum par lequel on demande aux parlementaires, dont les gilets-jaunes veulent faire l’économie, qu’ils en envisagent la pertinence, la validité, la justesse, l’opportunité, puis de décider, ou pas, de l’examiner au parlement, avant de le jeter à la poubelle! Le tout est de savoir s’il sera envoyé à la déchetterie avant ou après l’examen au parlement. Avec ce genre de dispositif, pas de crainte: aucun sujet de société ne sera confié aux gueux, seuls leurs représentants pourront continuer à les trahir. Peine de mort, avortement, contraception, immigration: laissez tout ça aux gens sérieux bande de crétins. 

Vous vouliez la démocratie directe? Vous ne l’aurez pas bande de foutriquets! Et Macron de flatter les élus dans le sens du poil en leur disant qu’une nouvelle décentralisation leur donnerait plus de pouvoir. On a vu il y a peu que le chef de l’Etat a décidé de faire servir des petits déjeuners à un euro dans les écoles de certaines communes tout en laissant aux maires le soin de payer la plus grosse part, après qu’il leur a supprimé les rentrées d’argent comme les taxes d’habitation. Voilà le genre de pouvoir qu’on va donner aux élus qui vont s’amuser en campagne à trouver de l’argent pour payer les réformes décidées à Paris par Macron, le tout avec une caisse qu’il a pris soin de vider au préalable! Vous en vouliez de la démocratie directe? En voilà…

Vous vouliez la reconnaissance du vote blanc? Vous ne l’aurez pas bande de freluquets! Voter c’est élire monsieur Machin ou madame Bidule pour agir en votre nom et place, pas "monsieur Blanc" a dit le président de la République qui a dû pour ce bon mot récolter le jus de cervelle d’une cinquantaine d’énarques mis à la tâche pendant six mois pour obtenir ce seul petit effet.

Vous vouliez le vote obligatoire? Vous ne l’aurez pas bandes de demeurés! Pour la bonne et simple raison que c’est impossible de faire payer une amende à ceux qui ne se déplaceraient pas, qui seraient si nombreux, et qui trouveraient ainsi une occasion facile de passer pour des rebelles.

Vous vouliez la retraite à soixante ans? Vous ne l’aurez pas bande d’attardés! Ce fut un sommet de rouerie politicienne, de sophistique et de rhétorique où il fut dit par Macron qu’il ne toucherait pas aux 35 heures ni à l’âge légal du départ à la retraite, mais, mais, mais: que ceux qui s’évertueraient à partir à soixante ans tout de même n’auraient pas une retraite pleine, c’est-à-dire n’auraient quasi rien. A quoi il a ajouté qu’il faudrait travailler plus pour gagner plus, le tout à négocier par branche dans les entreprises. Ce qui donnait immédiatement cette contre-vérité dans un bandeau passant de BFMTV: "Emmanuel Macron ne veut pas revenir sur les 35 heures, ni sur l’âge légal du départ à la retraite"- pour être juste, une suite aurait dû préciser: "mais vous travaillerez quand même plus longtemps". Des millions de Français sont au chômage, mais la solution pour lutter contre c’est de faire travailler plus longtemps ceux qui travaillent affirme le Président: "c’est du bon sens" a-t-il même dit! Il me semble que le bons sens serait de partager le travail pour alléger ceux qui en ont trop et souffrent de maladies professionnelles, en même temps que de pourvoir ceux qui n’en ont pas et souffrent de leur inexistence sociale.

Vous vouliez restaurer l’impôt sur la fortune? Vous ne l’aurez pas bande de gougnafiers! Cet impôt fait fuir les riches et appauvrit le pays! "On a besoin de riches, sinon qui exploitera les pauvres", aurait presque pu dire le président de la République s’il avait décidé de nous livrer le fond de sa pensée ce soir-là. Que dit d’autre sa foireuse théorie du ruissellement?

Vous vouliez un système de retraite solidaire socialisé? Vous ne l’aurez pas bandes d’argoulets! Bien au contraire, vous allez vous la payer avec un système de points, par capitalisation. Si vous n’en avez pas les moyens, vous n’en aurez pas, c’est tout simple. C’est une version en marche du fameux "salaud de pauvres!".

Vous vouliez la proportionnelle intégrale? Vous ne l’aurez pas bande de tarés! Vous en aurez un peu, suffisamment, mais pas trop, assez pour vous leurrer, mais pas trop pour nous empêcher de vous gruger. La chose est voulue par le président de la République et, comme il faut bien paraître gaullien de temps en temps, en vertu du principe que le président préside et que le gouvernement gouverne -Macron confie en passant qu’il a relu Michel Debré, quelle conscience professionnelle!-, le Premier ministre verra pour l’intendance… Les ciseaux du ministre de l’Intérieur reprendront du service et les circonscriptions seront taillées pour bien partager le gâteau entre maastrichtiens de droite et maastrichtiens de gauche. 

Vous vouliez une Constituante? Vous ne l’aurez pas bande de paumés! En lieu et place d’une autre assemblée, on garde la même et on la dégraisse un peu en réduisant le nombre d’élus. De combien demandera une journaliste? Le chef évacuera la question de l’impertinente en disant que sa valetaille gouvernementale verrait ces choses-là plus tard et en son temps.

Vous vouliez la fin de l’ENA? Vous ne l’aurez pas bande de décérébrés! Mais, on annonce quand même que vous l’aurez pour mieux la maintenir: en gros, on garde les locaux, on garde le personnel, donc les enseignants, dès lors je vois mal comment ils pourraient y enseigner autre chose et autrement que ce qui s’y trouve déjà enseigné, mais l’ENA changera de nom parce qu’on va la refonder!  Abracadabra…

Pour le reste des revendications des gilets-jaunes, il n’en fut pas du tout question! Rappelons-en quelques-unes: loger les SDF; modifier l’impôt; y assujettir les GAFA; augmenter le SMIC; mener une politique en faveur des petits commerces en ville ou dans les bourgs; supprimer les taxes sur les carburants; interdire les délocalisations pour protéger l’industrie française; en finir avec le travail détaché; lisser les systèmes de sécurité sociale; limiter le nombre des contrats à durée déterminée et augmenter le nombre des contrats à durée indéterminée; activer une réelle politique d’intégration des immigrés; mettre fin aux politiques d’austérité indexées sur le remboursement de la dette; limiter le salaire maximum; encadrer les prix des loyers; interdire la vente des biens nationaux; accorder des moyens à la police, à la gendarmerie, à l’armée, à la justice;  payer ou récupérer les heures supplémentaires effectuées par les forces de l’ordre;  réinstaurer un prix public convenable du gaz et de l’électricité; maintenir les services publics en activité; couper les indemnités présidentielles à vie – toutes choses auxquelles je souscris. Le silence du chef de l’Etat sur ces questions dit tout: vous n’aurez rien!

Quand fut venu le temps des questions, alors qu’on lui demandait si cette conférence de presse annonçait un nouvel acte dans sa politique, il a vrillé de la bouche, frisé des yeux, on a bien vu qu’il a retenu une idée parce que probablement trop provocatrice; il s’est contenté de récuser le mot -qu’il utilisera quand même plus tard…-, avant de dire qu’il était préempté par les gilets-jaunes dans leur "gymnastique"- coup de pied de l’âne…

Ensuite, dernière allusion aux gilets-jaunes, il fit savoir qu’ils pouvaient bien continuer à brandir des pancartes "longtemps" et que ça ne l’émouvait pas -on avait bien compris…

Puis, conclusion dans la conclusion, la métaphore de la cathédrale détruite et à rebâtir fut convoquée. La Meuf a dû  trouver que rameuter l’incendie,  c’était bon pour l’image. Pour un peu, Macron nous aurait dit que, via Notre-Dame de Paris, la vierge Marie elle-même irait voter pour sa liste aux prochaines élections européennes. Son staff n’a pas osé aller jusque là, mais il s’en est fallu de peu…

Ce fut donc un très grand discours de campagne pour un candidat qui aspire à devenir président de la République. Mais il faudrait peut-être que quelqu’un dise à ce jeune homme -la Meuf peut-être?- que, président de la République, il l’est déjà depuis deux ans et qu’il serait temps qu’il s’en aperçoive. Le temps est passé du verbe, des mots, des paroles, de la rhétorique, de la logorrhée, de la verbigération. Six mois de monologues avec les moyens pharaoniques de la République pour un coût de 12 millions d’euros, c’est un camouflet pour les gilets-jaunes qui aura décidément coûté bien cher. Or, les camouflets restent rarement sans réponses. Leçon élémentaire d’éthologie. 

Michel Onfray

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