Pour parler de nous et de notre mouvement - nous l'avons fait au début -, nous parlions de nos difficultés à vivre décemment, de nos problèmes d'argent, de survie, du syndrome du frigo vide, du déclassement social, et, pour faire court, de notre misère. Nous l'avons fait et continuons de le faire tant ces sujets restent d'actualité et n'ont pas été réduits.

Pour autant, notre discours a évolué.

Au début, nous nous exprimions ainsi, et par souci de synthèse, nous nous en tenions à ces formules chocs qui permettaient de mobiliser l'opinion publique autour des "pauvres" qui réclamaient justice, aide et soutien. Nous pouvions nous le permettre puisque tout y était vrai.

Ainsi, par cet "appel des pauvres", nous avons été identifiés comme tels auprès du reste de la population, mais les choses ne sont pas si simples.

D'abord, c'était sans compter avec la duplicité de nos détracteurs puissants et intéressés, avec la haine quasi atavique de beaucoup pour les pauvres, et enfin sans compter avec nos propres différences.

Pour nos détracteurs, il n'est pas nécessaire d'aller bien loin pour décrypter les moyens qu'ils ont mis en oeuvre afin de nous affaiblir et je me contenterai de les énumérer. Ils ont sans vergogne exploité nos différences, les ont exagérées et en ont inventées de toute pièce. Ils se sont joués de nos divergences d'opinions politiques et sociétales, ont fait fantasmer les non-gilets jaunes sur de supposées postures extrémistes, racistes, complotistes, favorisé et provoqué les débordements violents, etc... Mission discrédit, affaiblissement, découragement. Mission "diviser pour mieux régner".

Ces constatations connues et évidentes étant faites, ce qui reste à dire ici s'adressera à "ceux qui n'aiment pas les pauvres" et à nous-mêmes.

Revenons au début de ce propos et, en l'occurrence, à "l'appel des pauvres" constitutif de nos premières expressions. Il est temps d'entrer dans la nuance, de l'expliciter, de contourner les pièges et de sonder enfin notre/nos identités.

De tout temps, et à notre époque plus encore, l'édification d'un "récit" est nécessaire à toute cause, tout mouvement. Elle passe par une communication simple et cohérente. Tout est devenu marketing et, consciemment ou pas, nous nous y sommes pliés.

Les commentateurs - dans un premier temps - ont choisi de souligner l'authenticité de notre mobilisation, hors corps constitués, hors partis, hors sol.
Surprenants à tous les titres, notre force et notre charme résidaient donc dans l'authenticité, cette caractéristique devenue si rare, si fascinante à mesure que ce monde s'est artificialisé, mécanisé, avatarisé. Le peuple au large, plutôt d'en haut, s'en émerveillait, un peu, et s'en effrayait beaucoup.

Rendez-vous compte, ces gens que nous étions, que nous sommes, nous les pauvres, détenions certainement en notre coeur, encore quelques traces de ce qui ne saigne plus dans le foie des nantis ; nous les "gens", les pauvres, détenions certainement encore de ce suc sauvage et vigoureux qui ne coule plus sous les bijoux rutilants des bourgeoises et les cachemires des patrons-traders-affairistes-banquiers globalisés et globalisants ; nous les pauvres recelions en nos entrailles encore de ce bouillonnant romantisme des barbares ivres d'horizons perdus.

Alors, pour nous réduire, ils ont dit que nous étions d'ici, et eux d'ailleurs et de partout alors qu'ils sont de nulle part ; que nous étions immobiles, et eux "en marche" alors qu'ils sont en fuite ; que nous étions la terre boueuse, et eux le ciel alors qu'ils sont les courants d'air. Cela, ils l'ont senti et même théorisé ("La diagonale du vide" et autres thèses sur les fractures sociales et territoriales).

Ensuite, ils nous ont mis dans une case, celle dans laquelle les anthropologues ont catalogué jadis les peuples primitifs, celle où ont été placés les aborigènes, les amazoniens, les peaux rouges et toute sorte de peuples exotiques à force d'être trop étrangers, trop étranges.

Maintenant, il ne reste plus qu'à nous massacrer, ou à nous sacrifier comme ils l'ont fait avec la paysannerie européenne du début du siècle, nos aïeux, au cours de la guerre de 14-18.

Ainsi, en nous victimisant pour structurer notre discours de "pauvres", nous avons signé notre arrêt de mort.

Voilà pourquoi il est grand temps - s'il en est encore temps - de dire ce que nous sommes exactement. Notre "récit" doit changer et s'attacher à dévoiler notre réelle identité.

Nous devons maintenant nous l'avouer. Nous avons succombé à l'injonction du marketing ambiant, de l'obligatoire "story telling", parole factice et mensongère s'il en est. Entendons-nous bien, nous y avons été poussé - par les médias et leurs éditorialistes - ; nous n'en sommes donc pas coupables, mais nous avons laissé faire... donc un peu responsables.

En vérité, nous ne sommes pas tous pauvres, pas tous nécessiteux, pas tous aux abois. D'ailleurs, tous ceux-là ne nous suivent pas forcément.

Parmi nous, un grand nombre - sans doute le plus grand nombre - fait partie de la classe moyenne. Nous avons reconnus dans nos rangs beaucoup de chefs de petites entreprises, beaucoup de fonctionnaires et assimilés, des artisans, des commerçants, beaucoup de professions socialement intermédiaires (chauffeurs, garçons de café, caissières, aides-soignants, brancardiers, employés-coiffeurs, livreurs...) mais aussi des médecins, des chirurgiens, des avocats, des journalistes, et même quelques redevables de l'IFI (on en connaît !)...

Toutes ces personnes parviennent encore à subvenir à leurs besoins et, pour preuve, ont les moyens de se mobiliser en finançant elles-mêmes leurs déplacements à travers la France pour participer aux manifestations.
Tout cela est d'ailleurs énoncé jusque sur les plateaux médiatiques qui nous sont si systématiquement défavorables. ("Mais comment font-ils pour payer leurs billets de train ? Voyez qu'ils ne sont pas si à plaindre !!!" "Ils ont des portables pour filmer. Comment payent-ils leurs abonnements ?", "Des beaux blousons...", "comment se payent-ils leurs banderoles ?", etc...)

Ainsi les Gilets Jaunes sont constitués de beaucoup de "pauvres" effectivement, mais essentiellement de français des classes moyennes (CSP- et CSP+), et enfin de quelques privilégiés du système.

Une fois établie, cette sorte de statistique grossière suffira-t-elle à recadrer notre "récit" ? Certes non. Il s'agit maintenant de définir ce qui fait cause commune auprès de personnes si disparates socialement. Rappelons aussi que cet agglomérat de citoyens est profondément écartelé du point de vue appartenances politiques, inclinaisons sociétales, et même aspirations religieuses.

Alors quoi ? Nos détracteurs pourront effectivement en appeler au grand n'importe quoi, accuser notre attelage contre nature, de lame de fond destructrice puisque sans tête ni raison. Pour ces gens qui n'y comprennent rien et qui, pour s'en dédouaner, démontrent si bien notre incohérence, nous sommes l'anarchie la plus sombre menée par les barbares. 

A ce stade d'aveuglement, dont ils ne voient pas comment s'extraire, ils pourraient ne pas avoir tort.

C'est là, chers amis, que notre "récit" commence véritablement.

Notre "récit" commence avec notre sensibilité à l'injustice sociale. Ce n'est pas un scoop ni même un fait récent, hélas. Alors qu'est-ce qui a changé pour qu'aujourd'hui nous nous regroupions en nombre autour de cette plaie ?

Certains analyseront la chose par l'émergence des réseaux sociaux et la diffusion induite des scandales et autres aberrations du système portés à la connaissance de tous les citoyens. C'est certainement un des facteurs mais, à mes yeux, il est insuffisant. En 1789, en 1830, en 1848, en 1936, en 1917 en Russie, etc... les réseaux sociaux n'existaient pas.

Connaitre des malaises du monde ne suffit pas, ne suffit jamais. Les masses et les hommes qui les composent sont égotiques et ne réagissent vraiment que face à ce qui les concerne directement. Il y a même une règle journalistique qui énonce clairement (et cyniquement) cela : le degré de réaction des lecteurs-auditeurs-téléspectateurs est inversement proportionnel à la distance à laquelle se déroule un drame et non pas proportionnel au nombre de victimes. 10 morts dans un bus accidenté en France sera plus "couvert" qu'une famine faisant des millions de morts à 15 000 kms de là.
Les masses doivent être directement concernées par le "malaise" et leur réaction dépendra de son intensité, et sa prospérité, du nombre de personnes touchées par celui-ci.

Ainsi ce qui a fait émerger notre mouvement sont l'intensité des injustices sociales subies et leur généralisation (aidées par la mise en réseau des ressentiments).

D'ailleurs, le gouvernement ne s'y trompe pas en cherchant à satisfaire telle ou telle catégorie de mécontents par des mesures "cosmétiques" parfois, et surtout par des enfumages en série. Diviser pour mieux régner.

Mais il reste encore une dimension mystérieuse dans notre mouvement. En parlant d'intensité, on pourrait penser que nous faisons nous-mêmes partie d'une population qui n'a plus rien à perdre. Voilà la limite que les puissants s'exercent à ne pas atteindre. L'émeute dangereuse est celle qui agrège des jusqu'au-boutistes, l'émeute animale luttant pour sa survie, acculée, au point que chaque individu sacrifie son instinct de conservation au profit de la meute.

Ores, nous l'avons vu, nous sommes majoritairement des représentants de la classe moyenne. Cherchez l'erreur...

Nous avons pour la plupart d'entre nous, effectivement, quelques biens, quelque confort, quelques miettes à perdre. Alors si nous manifestons, si nous nous mobilisons, si nous risquons de nous retrouver en prison, de nous faire casser la gueule, de nous faire mutiler, c'est sans doute qu'il y a quelque chose d'autre, quelque chose de plus grand en nous qui fonde ce mystère. Parce que notre mouvement ne va pas de soi, notre mouvement n'est pas naturel, et c'est sans doute ce qui effraie le plus nos ennemis.

Nos ennemis ne peuvent définitivement pas comprendre ce qui, pour nous, est une évidence. Nous avons ce que ceux qui se sont endormis n'ont pas, et ce que ceux qui ont fait sécession n'auront jamais : une vision globale, historique et ambitieuse de la nation, ... des nations. Nous avons une conscience sociale.

Nous avons une conscience sociale là où ils n’ont comme moteur que la rentabilité et l’intérêt financier. Ils se rengorgent de pragmatisme et d’efficacité pour justifier leurs actes. Pragmatisme pour évacuer toute morale, Efficacité pour évacuer tout compromis. Et Profit comme seule religion.

Ils font campagne en se drapant derrière de nobles idées : Démocratie, bien commun, état providence, solidarité, prospérité, santé pour tous, culte du bonheur et du bien-êtreChacun de ces mots claquent dans leur bouche comme des slogans publicitaires, autant de miroirs aux alouettes à fins de consommation. Mais derrière chacun de ces mots, ils promotionnent le strict contraire.

Voyez-en les résultats : Démocratures, états policiers, disparition des services publics, des protections sociales, baisse des salaires, pollutions des sols, de l’air, disparition des classes moyennes, "ubérisation" du travail, paupérisation des peuples, déchéance des enseignements,

Difficile de croire que leur cupidité psychopathique les aveugle au point de n’être pas conscients, responsables et coupables de cette déliquescence.

Regardons ce qui est fait : privatisation des banques nationales, contrôle des semences, brevetage du vivant, internet des objets, big data, fichage de masse, reconnaissance faciale, contrôle de l’énergie, de l’eau, privatisation de tout ce qui est vital, disparition programmée de l’argent liquide, programmes de puçage RFID, vente des patrimoines nationaux, mutuelles d’entreprises obligatoires, disparition des petits commerces, étouffement et/ou rachat des PME et de l’artisanat, mort des paysanneries, ventes des terres agricoles à des multinationales, obsolescence programmée, développement de cartels mondiaux dans tous les domaines (médias, transports, énergie,…), fraude fiscale, bénéfices off-shore, shadow banking, trading haute fréquence, spéculation sur les denrées alimentaires et les famines qui en découlent, …

Sans oublier « l’hypocrisie climatique » : Exploitation des gaz de schiste, des pétroles bitumineux, de nouvelles plateformes de forage… le maintien et redémarrage des centrales charbon, la plastification des terres et des océans, l’entêtement obsessionnel pour la filière nucléaire… le déni des pollutions chimiques, l’amoncellement des déchets et le massacre de la biodiversité. Leur réponse : le « green washing »

Alors des mains obscures qui régneraient sur ce monde qui s’assombrit de jour en jour existent-elles ? On ne peut pas l’affirmer, le complotisme a bon dos. Mais une chose est sûre, la "convergence des chaos" n’est possible que par la diffusion insidieuse dans des esprits petits, sans vision et sans affect d’une idéologie mortifère : la croissance à tout prix. Au prix des vies, de la vie, de toutes les vies et au prix de la planète.

Ces "petits esprits" ont beau porter cravate et attaché-case, banquiers, assureurs, DRH, éditorialistes, hauts fonctionnaires, chefs de parti ou députés, ils n'en sont pas moins des exécutants sans recul, sans réflexion. On aurait envie que quelqu'un puisse leur dire : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font." Mais celui-là a été crucifié il y a bien longtemps par leurs propres ancêtres... Et ce n'est pas notre affaire, car nous, nous n'entendons pas nous laisser crucifier sans réagir.

Les jugements et les regards de notre temps sont tellement corrompus, l'intelligence tellement pervertie, qu'on en arrive au comble des combles : on nous traite de barbares ("ceux qui ne sont pas civilisés", pour les grecs anciens), alors que nous sommes tout le contraire. Et que ce sont ceux que l’on combat qui sont les barbares.

Ils provoquent les conflits, incitent aux déflagrations populaires dans les pays et par-delà les frontières, mettent en concurrence les individus et les peuples, promotionnent les guerres par appât du gain, vendent les armes pour ce faire. Ils tuent pour leur prospérité sans même descendre dans l’arène. Ils sont sans honneur. Ils sont la haine, la mort et la désunion.

L’union nous la portons en nous. Elle est l’Alpha et l’Oméga de notre cause. Elle est en bas, enfouie sous les décombres du chaos en marche. Parce que les communautés d’hommes ne sont pas planétaires et encore moins mondialisées, parce que depuis des millénaires, elle n’a pas été dépassée, notre Union rime avec Nation.

Voilà ce qui nous unit. La nation, "qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun" (définition). Voilà tout ce à quoi nous aspirons, et tout ce qui n'inspire plus les impétrants du grand large mondialisé, lâchant volontiers la proie pour l'ombre, prêts à sacrifier la terre qui les a nourrit et ceux qui la peuplent, trahir leur mère et leurs ancêtres pour des horizons aussi éblouissants que futiles.

Nous sommes bien plus philosophes que ces nantis. Dans conscience sociale, il y a solidarité, sens moral, il y a conscience de la vanité des choses, conscience de notre finitude, il y a conscience du réel, de la terre, il y a le mur et la distance, le poids et le rêve, il y a le profond sous la surface.
La nation (du latin natio, dérivé du verbe nascere « naître »), c'est être au monde, et le voir tel qu'il est, sans artifice, sans faux semblant, sans transcendance vaniteuse et virtuelle.

Tout cela, nos gouvernants l'ont oublié (ne l'ont-ils jamais su ?). Ils ont appris les mots comme on apprend les prières au catéchisme, les psalmodient pour se faire élire et passent vite au blasphème. Ressortent leur bréviaire quand c'est nécessaire, pour endormir l'église des votants et recrachent dans le bénitier une fois la messe dite.

Nous, gilets jaunes, sommes les mécréants immunisés contre ces sermons mensongers. Notre antidote ? Notre conscience sociale qui nous a ouverts les yeux.

Nous savons d'où vient l'argent, nous savons comment il circule, et où il va. Nous avons décodés le grand livre des argentiers. Nous en connaissons les soi-disant mystères. Nous n'écoutons plus les jésuites médiatiques qui nous expliquent à longueur d'éditoriaux qu'il n'y a plus d'argent, qu'il faut réduire les dépenses publiques, qu'il faut travailler plus et mieux, qu'il faut qu'on en bave.

D'un coup de bonneteau (le 10 décembre dernier), on déplace 10 milliards d'une enveloppe à une autre, et on veut nous faire croire qu'on a été cherché 10 milliards pour nos beaux yeux (où ça d'ailleurs ?), alors qu'on nous les a littéralement pris dans une poche pour les mettre dans une autre. Des arracheurs de dents !

Nous avons la conscience sociale et, désormais, le regard aiguisé qui va avec.

L'argent, ce sont les banquiers qui le créent... à volonté. Ils le dispensent à qui ils veulent, et pressent les autres. Ils le prêtent contre rançon. Et l'argent de la rançon, personne d'autre qu'eux n'a les moyens de le créer - ils s'en sont arrogés le monopole par-dessus les états -. Donc, macro économiquement, ils nous demandent de leur trouver de l'argent qui n'existe pas... puisque non créé. Notre argent - enfin l'argent qui circule - n'est que dette et personne, jamais, ne pourra la rembourser. Une fuite en avant sans fin... sinon celle de la planète. Le système monétaire est une gigantesque pyramide de Ponzi et tout le monde fait mine de l'ignorer.

Nous avons les yeux grands ouverts, et nous ne les baisserons pas.

C'est à se demander si nos chers communicants, journalistes, intellectuels et politicards connaissent le système dans lequel ils vivent. En fait, il y a fort à parier que la majorité de ces sachants, qui nous font la leçon derrière leurs micros, ignore même l'existence de la nasse dans laquelle ils évoluent avec nous. Plus confortablement, certes, mais tout aussi prisonniers.

Bienheureux ceux qui ignorent les barreaux de leur cellule, et forts de leur déni, ils n'hésitent pas à mordre ceux qui tentent de les leur montrer. Nous sommes les complotistes, les fâcheux qui dérangent les certitudes et voudraient souiller leur bonheur de lobotomisés.

Pourtant, ceux-là mêmes qui ne veulent pas voir, se bercent de scenarii dystopiques tels Blade Runner, V comme Vendetta, Brazil, Soleil Vert, 1984, Avatar, ... comme on prend ses cachets, comme des enfants auxquels on lit des contes chargés de monstres cauchemardesques et de grands méchants loups avant qu'ils ne s'endorment. Une thérapie millénaire où président les spectres des sauveurs providentiels, des super-héros et des princes charmants. Ceux-là qui sont dans le déni se shootent aux happy ends hollywoodiens alors qu'ils sont dans la Matrice. La matrice, non pas numérique, mais financière.

Nous, gilets jaunes, sommes le peuple de la caverne qui a cessé de regarder flotter les ombres sur la paroi ; nous, gilets jaunes, forts de notre conscience sociale, sommes voués à affronter le malheur pour le réduire ; nous, gilets jaunes, sommes les intranquilles qui ne trouveront le sommeil qu'à la fin des oppressions monétaires ; nous, gilets jaunes, sommes les terriens qui ne renonceront que lorsque la planète sera lavée de ses vampires suceurs de nature.

Voilà ce que nous sommes, frappés à la fois par le mal-vivre et par la conscience du mal.

En descendant dans la rue, nous avons fissurés la façade de cette fausse démocratie, nous avons exposés au grand jour les hypocrisies du monde, nous avons fait sortir de sa tanière la bête qui nous oppresse ; elle a montré son vrai visage en nous envoyant ses nervis.

Nous en appelons à tous les éclairés de ce monde, les "nuit debout", les écologistes militants, les dévoués du monde associatif, les laissés-pour-compte de tout bord. Nous sommes de droite, de gauche, des extrêmes et de nulle part, nous sommes tous ceux qui ont compris que plus rien ne tourne rond, que quelque chose de grave se dessine... Nous en appelons à tous les indignés.

Rejoignez-nous. Il est temps que quelque chose se passe et qu'une bonne nouvelle advienne.

Force et honneur ; on ne lâche rien.

Jean-Charles Aknin