Soyez là,

Là pour nous dire, tous ensemble, que nous ne sommes pas fous,
Là pour nous dire que vous comprenez ce qu’il y a à comprendre comme nous le comprenons,
Là pour nous dire que ce qui se passe dans notre pays n’est pas un cauchemar mais bien la réalité et que l’aube ne nous délivrera pas,
Là pour nous dire que se réveiller n’est plus suffisant,
Là pour nous dire que ce qu’il y a à savoir, est su de tous,
Là pour nous dire qu’expliquer ou convaincre n’est plus nécessaire,
Là pour nous dire qu’il n’est plus nécessaire de convoquer à nouveau le fiel des saloperies gouvernementales, qu’il n’est plus nécessaire de lister les affronts que les oligarques nous infligent jour après jour,
Là pour nous dire que les constats poliment distillés, doctement exposés sont enfin superflus,
Là pour nous dire que le temps des beaux arguments est révolu,
Là pour nous dire qu’opposer des démonstrations rationnelles aux inepties, aux incuries de l’absurdie macronienne, c’est lui faire trop d’honneur.

Heureux que vous soyez là, réunis en toute concorde pour parler d’une seule voix et porter toutes les volontés de vos coeurs éparses,
Malheureux que vous soyez là, réunis pour porter vos coeurs en miettes, brisés de voir les ruines s’accumuler autour de nous sans rien n’y pouvoir,
Furieux que vous soyez là, tous réunis, à chercher désespérément une porte de sortie sans plus vraiment croire qu’il y en a une, terrorisés que nous sommes par ce cauchemar bien réel que l’aube ne terrassera pas, affolés de devoir percer nous-mêmes, à mains nues, les murs immenses qui nous enserrent.

La lutte a commencé aux pieds des murs insurmontables,
Les ronds-points nous ouvraient des horizons dans toutes les directions,
les manifs nous ont faits exulter, les marches nous ont reconstruits,
les rassemblements nous redonnent force mais les portes sont encore fermées
tandis que les chaînes résonnent le long des parois. Les maillons sont plus lourds et plus forts encore.

Heureux que vous soyez là,
Là pour nous dire que nous ne sommes pas fous, pour nous dire que nous ne sommes pas seuls.
Nous avons besoin les uns des autres.
J’ai besoin de toi. C’est une supplique.
Nous avons besoin les uns des autres.
C’est une question de survie, pour nous tous et pour nos enfants.
Nous avons besoin les uns des autres pour creuser la porte, n’importe laquelle mais il nous faut creuser ensemble, percer une brèche. L’assaut doit être massif et compact. C’est notre seule chance.
Il suffit de décider où creuser.

Les armes nous ont été enlevées. Les fourches et les pioches ne suffiront pas.
Seul nous reste le nombre.
Le nombre dans la rue ou dans les urnes, c’est du pareil au même et les deux sont à notre portée.
Heureux que vous soyez là pour faire le nombre et vous multiplier en cohorte massive et compacte.
Heureux que vous soyez là pour qu’à l’aube, la réalité ne soit plus cauchemar. C’est une supplique et un devoir.

Il suffit de décider où creuser et, bonne nouvelle, nous avons un endroit à proposer.

Soyez là 
                                                     
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