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A-t-on jamais compté sur un euro-macroniste pour s'abstenir ?
A-t-on jamais entendu un euro-macroniste contester le système électoral ?

A-t-on jamais vu un euro-macroniste faire un bras d'honneur au "simulacre démocratique" ?
Non. Un euro-macroniste va voter... surtout s'il a peur du Jaune !

Par contre, beaucoup d'opposants, gilets jaunes, eurosceptiques, anti-capitalistes en appellent au Boycott.

Ainsi, le siphonnage des voix issu d'un Boycott
n'asséchera que les réservoirs d'opposition 
et n'empêchera pas les urnes LREM de se remplir.

CQFD.


Voilà en 8 lignes, résumés l'enjeu et le rapport de force.

Alors de 2 choses l'une :

Soit on considère que la priorité est de dégager Macron,

Soit on considère que la priorité est de satisfaire un credo personnel, construit de longue date, qui a conclut à une abstention inconditionnelle.

Tout est dans le mot "inconditionnelle". Si la posture est inconditionnelle alors pourquoi même parler de "dégager Macron". Les tenants du boycott s'en moquent. Mélenchon, Le Pen, Kim Jong-un seraient au pouvoir, les partisans du boycott n'iraient pas voter.

D'emblée, on comprend que ceux-là sont sortis (se sortent eux-mêmes) du jeu d'échange argumentaire et des choix de stratégie. Pas de discussion possible. L'abstention est un choix dogmatique qui n'a que faire de la cause des Gilets Jaunes.

Par contre, pour ne pas opposer un dogme à un autre, s'il était prouvé que s'abstenir pouvait dégager Macron, l'abstention satisferait à la priorité "dégager Macron" et il faudrait s'abstenir.

Mais jusqu'à présent, un vote d'opposition menant LREM à 15% affaiblira plus Macron, qu'une abstention à 70% qui fera sortir Macron à 28% des votes exprimés. Et plus l'abstention sera forte plus Macron montera : 75% d'opposants s'abstiennent !? ; c'est Macron à 32%... C'est de la mathématique.

"Oui mais de toute façon, Macron ou un autre, ce serait du pareil au même."

Non. Jusqu'à présent le seul à faire donner la troupe, à mutiler, frapper les citoyens, à remettre en cause toutes les libertés fondamentales, à emprisonner pour délit d'opinion... c'est Macron.
Donc non, ce n'est plus du pareil au même.

L'auteur de ces lignes s'est déjà abstenu par le passé, mais les enjeux ont changé de dimension. Il y a urgence, il s'agit d'un réel combat qui ne souffre plus d'aménager son confort intellectuel, et de préserver sa "pureté citoyenne". Tout cela n'est plus que coquetterie politique. Il n'est plus temps de jouer avec ces nuances qui, hélas, n'ont plus lieu d'être.

Rappelez-vous du film "L'armée des ombres". Des résistants pacifistes ont dû égorger des balances collabos, prendre des vies dans leurs attentats, éliminer même des amis résistants qui seraient obligés de parler... Ceux-là auraient bien voulu avoir le luxe de pouvoir "s'abstenir". Nous n'en sommes pas à combattre l'occupation nazie, bien sûr... Mais ce rappel pourra permettre de faire comprendre qu'il y a un temps pour tout.

Un dernier mot sur l'abstention en général. L'abstention n'est une option valable que si les votes blancs sont décomptés et valides. L'abstention sans vote blanc reconnu est un coup d'épée dans l'eau.

A vos bulletins !!

Jean-Charles Aknin